Les derniers Poilus

Une place gratuite au Panthéon est offerte au dernier Poilu de la guerre 14-18 par l'Elysée.
Mais il y a un os. Au lieu de se battre, comme de vrais soldats , pour être le dernier survivant et gagner la place au Panthéon, Louis de Cazenave et Lazare Ponticelli, les deux derniers Poilus, 110 ans chacun, ces ingrats, refusent ce beau challenge et font tous deux la fine bouche en déclinant l'honneur qui leur est fait.

Louis de Cazenave

Médailles et honneurs : "De la fumisterie !"De la Légion d'honneur: "Ils peuvent se l'accrocher quelque part"Pourquoi moi?: "Certains de mes camarades n'ont même pas eu le droit à une croix de bois"

Lazare Ponticelli

"Je refuse ces obsèques nationales. Ce n'est pas juste d'attendre le dernier poilu. C'est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu'ils méritaient. On n'a rien fait pour eux. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant... Même un petit geste aurait suffi."
Extraits: Le Monde 09.11.07

Longue vie à vous, Louis et Lazare, et mes amitiés.

Quelques romans sur la guerre de 14-18 à lire sur la plage , l'été prochain:

Le feu d'Henri Barbusse
Les Croix de bois de Roland Dorgelès
Orage d'acier d'Ernst Jünger

Une autre parole de Poilu ici.

Parole de Poilu

1939-1945:

 "Ach! la guerre, gross malheur!"
 Effectivement, la première guerre mondiale n'avait pas servi de leçon.

Le 24 septembre 1915

Chers cousins et cousines

Ne voulant pas écrire à chez nous ce que je veux vous dire, vous m'excuserez d'avoir recours à vous. C'est peut-être la dernière lettre que j'écris car dans une heure, nous montons aux tranchées pour demain attaquer et essayer de faire la trouée. Comme ma compagnie part en tête, il est probable que pas ou très peu rentreront donc je vous demanderai, si au cas où je n'écris plus, de faire part de ma lettre à chez nous. Notre attaque se produit dans la plaine, un peu sur la gauche de Saint-Thomas, petit village de la Marne. Donc c'est là que j'irai porter mes os.
Vous pourrez les consoler un peu en leur disant que c'est pour la délivrance de la France que je suis tombé. Conservez le silence et excusez-moi de vous envoyer cette lettre. Les derniers baisers que j'adresse sont sûrement pour vous mais réservez-en un peu à mes parents. Adieu.

F. Hezard

Extrait de Paroles de Poilus
Lettres et carnets du front 1914-1918
Librio 1998

Les deux derniers Poilus ici

La Chanson de Craonne

Hommage des mutins de 1917 au Général Nivelle-Parlebas dit "le boucher" pour son offensive du Chemin des Dames en avril 1917: 200 000 morts,  plus ? du côté français...

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé

On va reprendre les tranchées,

Notre place est si utile

Que sans nous on prend la pile

Mais c'est bien fini, on en a assez

Personne ne veut plus marcher

Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot

On dit adieu aux civ'lots

Même sans tambours, même sans trompettes

On s'en va là-haut en baissant la tête

Gus Bofa - Les Loustics, La Baïonnette, n°38, 23/03/1916.

 Refrain :

Adieu la vie, adieu l'amour,

Adieu toutes les femmes

C'est bien fini, c'est pour toujours

De cette guerre infâme

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

Nous sommes les sacrifiés...

( et combien parmi ces mutins chanteurs, de survivants de 1914, partis la fleur au fusil bouffer du Boche,  le crâne pilonné par la Com d'alors ? )

[paroles de poilus ici.]

Rauchen verboten

Louis de Cazenave 111 ans aux prunes,

 l'un des deux derniers Poilus de 14/18

Son fils, 76 ans: "Il est mort comme il le désirait, chez lui; il s'est éteint comme une chandelle".

Sa petite fille: "il jardinait, fumait sa pipe, les oiseaux se posaient sur son épaule, il nourrissait les hérissons".

Sur la guerre: "hay, hay, hay! un truc absurde, inutile! A quoi ça sert de massacrer les gens? Rien ne peut le justifier, rien!"
Sur le patriotisme: "Un moyen de vous faire gober n'importe quoi!"

Sur les honneurs: "la gloire, l'héroisme? de la fumisterie!"
D'autres paroles de Louis: ici

[de plus, avec un nom comme ça, Cazenave, il est obligatoirement de souche gasconne (Cazenave en gascon = Maisonneuve en français)]

PS: Louis de Cazenave est mort le 20 de ce mois. J'avais de l'affection pour lui.

La grande omelette

Semez des pommes de terre
Pour les soldats
 Pour la France

- Soignons la basse-cour -
Je suis une brave poule de guerre

 Je mange peu et produis beaucoup

(et hop, voilà de quoi faire une bonne omelette)

Réservez le vin pour nos poilus

(et un petit coup de pinard pour faire passer le tout)

«La guerre, l’art de tuer en grand et de faire avec gloire ce qui, fait en petit, conduit à la potence.»

Jean Henri Fabre - Souvenirs entomologiques