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14 mars 2017

Une histoire en vers

et en prose

Ne chantez pas la Mort, c´est un sujet morbide 
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu´il est dit 
Les gens du show-business vous prédiront le bide 
C´est un sujet tabou pour poète maudit 
La Mort 
La Mort


L'Asticot de Shakespeare
créé et interprété par Clémence Massart sous la direction de Philippe Caubère.

Sont conviés roi, vieillard, paysan, prince, clown, Sarah Bernhardt, Sacha Guitry... pour dire ou chanter la mort avec Shakespeare, Baudelaire, Giono, Jankélévitch, Jean-Roger Caussimon (comme je le regrette, lui), Clémence Massart...
Confortablement installés au fond du trou, suçotant quelques pissenlits à l'ombre de la Camarde, on médite, on rit (jaune) et l'on se régale encore avec nos vers amis d'un air d'accordéon.

"Qu'on vienne voir Clémence comme on irait voir le dernier panda vivant au jardin zoologique de Vincennes, le tableau interdit de Courbet, "L'Origine du Monde" au Musée d’Orsay, un ultime concert des Rolling Stones ou de Johnny Hallyday, Arletty, Fréhel, Zouc ou Fernandel. Elle est de cette race-là, de cette époque et de cet âge. Alors qu'elle a le nôtre."
Philippe Caubère

Très conseillé aux bilieux, anxieux, angoissés, dépressifs...
Aux Rencontres à lire, à Dax le 10 mars 2017, à l'Atrium.

25 octobre 2013

Ça fait sens

« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j'ai été témoin d'une révolution, j'ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j'appartenais à l'un de ces régiments que les état-majors sacrifient froidement à l'avance et dont, en huit jours, il n'est rien resté), j'ai été fait prisonnier, j'ai connu la faim, le travail physique jusqu'à l'épuisement, je me suis évadé, j'ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j'ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d'églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j'ai partagé mon pain avec des truands, enfin j'ai voyagé un peu partout dans le monde ... et cependant, je n'ai jamais encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n'est comme l'a dit, je crois, Barthes après Shakespeare, que « si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien » — sauf qu'il est. »

Claude Simon le 9 décembre 1985
Discours de remerciement (extrait) lors de la cérémonie de remise du prix Nobel à Stockholm.


Un paragraphe de ce tonneau aurait suffi à faire entrer dans mon panthéon personnel Claude Simon. Mais personne n'est parfait, même les Prix Nobel; Claude Simon a écrit aussi de très grosses conneries, ici au japonais Kenzaburō Ōe, prix Nobel également:

« Vous avez cru devoir, il y a peu, manifester assez grossièrement votre hostilité à mon pays, où vous aviez été invité, en flétrissant les essais nucléaires auxquels celui-ci procède sur un petit îlot du Pacifique à des milliers de kilomètres de chez vous et d'autres pays. De multiples voix d'experts ont cependant affirmé que ces essais sont d'une parfaite innocuité sur l'environnement, tant terrestre que maritime ou humain...»
[il a le bonjour de Fukushima, Claude, à titre posthume]


[ j'adore écouter les voix d'experts
ici, un expert qui ne joue pas du pipeau mais de l'escargot ]

12 mai 2013

L'Âne d'or

Asinus aureus

XXI. La dame alors se débarrasse de tout voile, et quitte jusqu'à la ceinture qui contenait deux globes charmants. Elle s'approche de la lumière, prend dans un flacon d'étain une huile balsamique dont elle se parfume des pieds à la tète, et dont elle me frotte aussi copieusement, surtout aux jambes et aux naseaux.  Elle me couvre alors de baisers, non de ceux dont on fait métier et marchandise, qu'une courtisane jette au premier venu pour son argent; mais baisers de passion, baisers de flamme, entremêlés de tendres protestations: Je t'aime, je t'adore, je brûle pour toi, je ne puis vivre sans toi; tout ce que femme, en un mot, sait dire pour inspirer l'amour ou pour le peindre. Elle me prend ensuite par la bride, et me fait aisément coucher. J'étais bien dressé à la manoeuvre, et n'eus garde de me montrer rétif ou novice, en voyant, après si longue abstinence, une femme aussi séduisante ouvrir pour moi ses bras amoureux. Ajoutez que j'avais bu largement et du meilleur, et que les excitantes émanations du baume commençaient à agir sur mes sens.


Max Schwimmer : affiche pour  Le Songe d'une nuit d'été
 de  William Shakespeare

XXII. Mais une crainte me tourmentait fort. Comment faire, lourdement enjambé comme je l'étais, pour accoler si frêle créature, pour presser de mes ignobles sabots d'aussi délicats contours? Ces lèvres mignonnes et purpurines, ces lèvres qui distillent l'ambroisie, comment les baiser avec cette bouche hideusement fendue, et ces dents comme des quartiers de roc? Comment la belle enfin, si bonne envie qu'elle en eût, pourrait-elle faire place au logis pour un hôte de pareille mesure? Malheur à moi! me disais-je, une femme noble écartelée! Je me vois déjà livré aux bêtes, et contribuant de ma personne aux jeux que va donner mon maître. Cependant les doux propos, les ardents baisers, les tendres soupirs, les agaçantes oeillades, n'en allaient pas moins leur train: Bref, je le tiens, s'écrie la dame, je le tiens, mon tourtereau, mon pigeon chéri! Et, m'embrassant étroitement, elle me fit bien voir que j'avais raisonné à faux et craint à tort; que de mon fait il n'y avait rien de trop, rien de trop pour lui plaire; car, chaque fois que, par ménagement, je tentais un mouvement de retraite, l'ennemi se portait en avant d'un effort désespéré, me saisissait aux reins, se collait à moi par étreintes convulsives, au point que j'en vins à douter si je ne péchais pas plutôt par le trop peu. Et, cette fois, je trouvai tout simple le goût de Pasiphaé pour son mugissant adorateur. La nuit s'étant écoulée dans cette laborieuse agitation, la dame disparut à temps pour prévenir l'indiscrète lumière du jour, mais non sans avoir conclu marché pour une répétition.

Les Métamorphoses ou L'Âne d'or
Apulée,  Madaure, Numidie vers 125 - vers 170 ?


Illustration de Martin Van Maele 
pour le Jardin Parfumé du  Cheikh Nefzaoui
via le bibliomane moderne

(en effet, peut-être  y arriveras-tu mieux comme cela)