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06 juin 2024

Enivrez-vous

 Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

L'ivrogne d'Ornans - Gustave Courbet -1872
(L'a-t-il pris au pied de la lettre ?)

Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.

(In Les petits poèmes en prose -1869-)

30 octobre 2022

Nostra terra, nostra navis

Notre terre, notre navire


[De 1980 à 2005, les étiquettes du Grand Vin de Château Siran ont été illustrées par un artiste. Chaque illustration fait référence à un événement de l'année concernée.]

2005 Nostra terra, nostra navis
Par Mitsuyuki Tanaka, artiste Japonais

"Notre terre, notre navire" commémore la millésime exceptionnel qu'est 2005 et attire l'attention sur le réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire, ou réchauffement global, est un phénomène d'augmentation de la température moyenne des océans et de l'atmosphère terrestre, mesuré à l'échelle mondiale sur plusieurs décennies, et qui traduit une augmentation de la quantité de chaleur de la surface terrestre. Dans son acception commune, ce terme est appliqué à une tendance au réchauffement global observé depuis le début du XX° siècle.


Quels sont les impacts attendus à la surface de la planète d'ici à 2100
s'interroge Château Siran en 2005.

2100 ! un bel optimisme.

29 mars 2020

Le fils du puisatier

Démocrite -460 -370 - Grèce
par Diego Velázquez  1599 Séville - 1660 Madrid
Au musée des Beaux-Arts de Rouen

"En réalité, nous ne savons rien, car la vérité est au fond du puits."
Démocrite

Homme tenant un verre à la main, copie au musée de Toledo-Ohio

Démocrite, philosophe, prenait le parti de rire de tout.
Bon on va essayer. Santé à tou.te.s !

10 décembre 2019

Une journée bien remplie

  M. Barnarat, lyonnais d'origine, offre un type superbe de citoyen démocratique. Son emploi du temps quotidien mérite une petite narration.
Levé sur le coup de neuf heures, M. Barnarat commence à se traiter par deux ou trois chopines de vin blanc. Vers onze heures et demie, il consulte son horloge et proclame que l'instant des apéritifs sérieux a sonné. Homme de règles et de principes, il a sa marque de pernod, dont le choix a été le fruit d'une longue expérience, qu'il fait venir de loin, et qu'il est seul a boire dans Romans, où l'on fabrique une douzaine d'anis considérés. II en étanche cinq à six verres jusqu'aux environs d'une heure et demie où il rompt le pain, en débouchant du Beaujolais. Le déjeuner ne va point, cela s'entend, sans une bonne demi-tasse de marc ou d'armagnac. M. Barnarat s'autorise le petit verre avec la clientèle jusqu'au moment où il se rend à sa partie de boules, qui occupe le principal de son après-midi. Avec les boules, le vin rouge du pays est obligatoire. II ne m'a pas été donné d'estimer en personne par quel nombre de pots M. Barnarat lui rend hommage, mais je lui fais confiance, d'autant que le jeu de boules est altérant. Je ne parle naturellement point des jours de championnat, où le gosier de notre héros défie toutes les statistiques.
   Aux alentours de six heures, M. Barnarat regagne son café. Un cercle d'amis fidèles l'y attend pour célébrer le sommet de la journée, le grand, véritable et solennel apéritif. 
C'est le moment où volontiers, M. Barnarat entame le récit  de sa dernière campagne, qu'il a faite en septembre en qualité de lieutenant de garde-voies entre Saint-Vallier et Saint-Rambert d'Albon. II a été renvoyé à ses foyers au bout de trois semaines, et son amertume s'exhale chaque soir à neuf au quatrième verre de son pernod. Car je n'ai point besoin de dire que le pernod préside la séance. M. Barnarat, je le jure, ne sera point quitte qu'il n'en ait vidé ses dix verres où l'eau tient la moindre part, et la tablée du compère lui tient tête vaillamment. Chacun a son cru de pernod favori mais la purée d'absinthe est de même couleur dans tous les verres...

Éventail plié, 1939. Arthur fait ici la promotion du Pernod 40°. Coll. Roger.
(La dernière année car la fabrication et la vente de toute boisson apéritive à base d'alcool
 titrant plus de 16° furent interdites de 1940 à 1949.)

    Un seul des chevaliers n'y goûte point. Tourmenté par ses viscères, il avait vu un docteur qui lui dit: «Supprimez votre pernod». II s'est donc mis depuis au noir mandarin. Je dois dire pour l'histoire que, de toute la compagnie, il est de loin le plus maltraité, la face lie de vin, bavant, la main tremblante, ouvrant péniblement un œil strié et glaireux, d'un gâtisme accusé a moins de quarante-cinq ans.
   Le ton s’échauffe et s'envenime. Bousculant l'homme au mandarin dont la salive file, les buveurs s'affrontent, se vouant mutuellement a la male mort. M. Barnarat vitupère l'intolérance religieuse à la face du tailleur, qui lui réplique par une diatribe forcenée sur la quadrette victorieuse au concours de boules de Pâques 1925.
   On boit la tournée de la réconciliation vers neuf ou dix heures ! II n'est point si rare que la cérémonie se prolonge jusqu’à minuit, et non plus qu'on atteigne le quinzième ou vingtième pernod. M. Barnarat s'en va manger la soupe avec quelque morceau, dûment arrosé, de boudin ou de caillette. Enfin, avant de clore sa porte, il vide avec les derniers clients quelques couples de demis bien tirés, qu'il entremêle plaisamment d'un ou deux chasse-bière, à moins que les bouchons de champagne ne sautent en l'honneur d'une «Fanny» retentissante, d'une belote magistrale ou de quelque autre grand événement.
   Il me faut confesser que cet éminent éclectique a pu aborder la soixantaine avec la pupille alerte, le pied encore léger, la taille cavalière, le poil dru et brillant. On a pu voir toutefois qu'il est ménager de ses forces. Sa femme, levée a l'aube, debout quinze heures durant et qui ne boit que de l'eau minérale, porte sur son échine lasse et sa figure flétrie tous les stigmates des maux épargnés a son maître et seigneur.

Lucien Rebatet 
Les décombres , 1942

Lucien Rebatet , Les décombres ( best-seller sous l'occupation) : comme Bagatelles pour un massacre, 1937, L'école des cadavres, 1938, Les beaux draps, 1941, de Louis-Ferdinand Céline, à lire avec des pincettes et un masque de protection...

05 avril 2019

A conta, se faz favor

L'addition, s'il vous plait
(Portugal, Europe )


A l'autopsie :

Partie gauche

3 caldos verdes, 3 soupes au chou cavalier (tagada, tagada, tagada)
1 salada, 1 salade
2 bacalhau a braga, (morue à la mode de Braga, também denominado, appelée aussi Bacalhau à Narcisa ou Bacalhau Minhoto)
1/4 assado (de frango), 1/4 de poulet rôti
1 tinto,  1 rouge (1 litre)
11 bolinhos, boulettes , beignets fourrés, (veut dire aussi gâteaux croquettes).
1 agua,  1 eau  (1 litre et demi)
2 bagaços (de uva), 2 marcs de raisin. (pour les hommes)

Partie droite : l'addition proprement dite

3 dozes (ancienne graphie) 3 doses, soit 3 portions parce qu'il existe aussi la meia dose, demi portion : 23€
3 caldos verdes, 1 salada : 3 soupes et 1 salade : 7€
1 litre de rouge : 3.5€
1 truc barré (analyse et décryptage en cours)
*11 bolinhos, pao et azeitonas (nouveau!!!) 9€, croquettes donc, pain et olives.
1 agua, eau, 1 litre et demi 1.5€
total : (préparé à l'avance) 44.5€ qui se révèle un sous-total, c'était sans compter les 2 bagaços.

*comme en Espagne ou en Italie, on vous porte des trucs sur la table que vous n'avez pas demandé, si vous y touchez, ça vous est compté.

A quatre, on s'en est donc tiré, largement repus, pour 12€ par personne. Passons l'Atlantique et allons voir comment peuvent déjeuner nos amis étasuniens :

The bill, please
(Amérique du Nord)

L'addition :  click pour +
Le patron
6 convives, l'on devine, que l'un.e d'entre eux, comme souvent, fait cavalier.e seul.e.  A l'apéro peut-être (Ce sont des amerlos, eux-mêmes ne savent pas trop comment ils ordonnent leurs repas) 5 portos tawny 40 (ans d'âge) à 55$ pièce . Ils attaquent la bouffe. En vrac : 1 soupe minestrone verde, $18,  1 spaghetti mare monte (terre et mer) $39, 1 rigatoni siciliano (des nouilles quoi mais striées) $36, 2 truffles carpaccio, carpaccio de truffes, (comme son nom l'indique) à 100$ (p) 3 tagliolini (pates en ruban) à la truffe à  195$, (p) 1 escalope milanaise, $55.
Les accompagnements : 
1 salade d'artichauts, $18, 2 asperges à la Nello, $30(p), 2 calamars frits $18(p), 2 mozarella, $34(p) et raffinement suprême : 2 bouts de parmesan à raper, 14$ chacun.

1 seul dessert : 1 tiramisu, 14 $, (sans doute la personne qui a mangé la soupe au début), 2 expresso 7,5 $ l'un et 3 cappuccino à 9 $.
Ils arrosent tout ça de 3 bouteilles de La Tâche-Romanée, de 2 Château Pétrus , puis de 2 magnums de champagne Cristal rosé, tout à 5000 $ la pièce. Ah, j'allais oublier l'eau, (LG water, de l'eau du robinet passé à l'adoucisseur) $12.
A 14 h 39, tout est plié. Le taxi (l'ambulance?) a dû être nécessaire.

L'addition : 47221 dollars  à 6.
  
Le Nello, avec sa veste à rayures et son gardenia blanc à la boutonnière, à mon sens, il a tenté et réussi le grand chelem : plumer le pigeon jusqu'au bréchet avec ses prix astronomiques, tout en le nourrissant de conserves, de surgelés ou de plats industriels à réchauffer. Quand aux grands vins à 5000 $ la bouteille, je mettrais ma main à couper qu'il a dû remplir d'un quelconque picrate italien ou de spumante des bouteilles originales vides.

Nello's a fermé depuis. Quelques appréciations :

S G. Brooklyn, NY
Ok, $47 for lobster bisque, and $67 for patron on the rocks and a dirty martini...enough said.
Ouais,  47 $ la bisque de homard et 67 $ une tequila glaçons et un mauvais cocktail, je n'en dirai pas plus.

Celeste F. Manhattan, NY
Avoid at all cost. Wildly overpriced average food, served by snooty staff to a low class crowd of screaming people. Check the bill too, especially if you are a big crowd,they have a tendency to make "mistakes" invariably going their way.
Eviter à tout prix. Nourriture moyenne excessivement chère, servie par un personnel arrogant à une populace hurlante. Vérifiez également l'addition, surtout si vous êtes nombreux, ils ont tendance à faire des erreurs dans leur sens.

Debbie C. Great Falls, VA
Condescending, rude and over priced. Not a good combination. I ordered the special lobster risotto and it had no lobster. They were trying to pass off shrimp as lobster and neglected to take the tail off. If there was lobster it was hidden well...
...By the way, dinner for 8 was $1600. Would have rather spent it on a handbag!!
Condescendants, grossiers et trop cher. Pas la bonne combinaison. J'ai commandé le risotto spécial au homard et il n'y avait pas de homard. Ils ont essayé de faire passer des crevettes pour du homard en négligeant d'enlever les queues.  S'il y avait du homard, il était bien caché ...
Au fait, le dîner pour 8 personnes a coûté 1 600 dollars. J'aurais mieux fait de m'acheter un sac à main !!

Homard(s) réels mangés par moi à Rimouski-Québec

Mais il y a toujours des maso(e)s ou des mondain(e)s branchouilles à moyens qui aiment se faire enfler :
Parisa S. New York, NY
LOVE the atmosphere here.  Amazing outdoor patio.  Don't forget to say hi to Adriana Lima while you're out there.
Service is friendly, if a little (ok, a lot) spacey.  And prices are so ridiculously high, it's actually comical.  But come on, we're in the Hamptons.  Go  big or go home.
J'ADORE l'atmosphère ici. Incroyable patio extérieur. N'oubliez d'envoyer le bonjour à Adriana Lima quand vous irez là-bas.
Le service est cordial même s'il est un peu (d'accord, pas mal) planant. Et les prix sont si ridiculement élevés, c'en est vraiment amusant. Mais quoi, nous sommes dans les Hamptons. Faites les choses en grand ou restez chez vous.

19 janvier 2019

Quintonine

Le nouveau roman de Michel Houellebecq

Florent-Claude-Michel et A D

     Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la vie d'un écrivain adulé n'est pas toujours rose :
sortir en catastrophe sous la pluie acheter quelques rames de papier 80 grammes à la papeterie Antalis, (écrire, toujours écrire), partir en urgence au Franprix du boulevard Saint-Marcel, avant la fermeture, pour se procurer deux trois bouteilles de rhum Negrita, le seul breuvage à même de soulager en quelques minutes les tensions internes, sonner la nuit à la pharmacie de garde et tenter d'obtenir de roboratifs médocs à posologie explosive, descendre se les geler pour en griller une lors de soirées mondaines, tout en subissant les interminables monologues de copines vieillissantes...  bref, Florent-Claude Labrouste (on distingue sans peine en filigrane, l'auteur lui-même) est au bout du rouleau.
     Dans un dernier sursaut d'énergie, il décide  d'une retraite qu'il voudrait expiatoire, au couvent de la Rose-Croix, près de Châteauroux. Là,  un frère convers, le voyant dans la détresse  et le prenant en compassion, lui révèle un secret, trop lourd à porter pour lui car il a commis le péché de curiosité : il a trouvé dans la bibliothèque du couvent un parchemin illuminé du début du xx° siècle, de 1910 exactement, donnant la recette d'un fabuleux élixir de longue vie établie par un apothicaire castelroussin versé dans l'alchimie : la Quintonine et il a réussi, à ses heures creuses, entre laudes et vêpres, à reconstituer la magique potion . Il va en faire bénéficier Michel-Florent-Claude.


    Florent-Michel-Claude suit le traitement sans conviction mais il s'y plie car il flatte son péché mignon : il faut et il suffit, comme dans la mathématique, que l'on verse une fiole de la décoction : quinquina, orange amère, kola, cannelle, quassia, gentiane..., associés à du glycérophosphate de chaux, dans un bon litre de vin rouge et que l'on prenne un verre à madère de la liqueur ainsi obtenue avant chaque repas, en guise d'apéritif.

Michel-Florent-Claude et Lysis             © P Matsas/Opale

    Au diable, idées noires, laisser-aller, découragement, perte de mémoire ..., la cure fait merveille, Florent-Claude-Michel retrouve toutes ses sensations. Requinqué, Il se produit à nouveau dans le monde, rencontre la douce Lysis, qui fort opportunément, écrit une thèse sur son oeuvre, et n'a aucun mal, sur sa bonne mine, à la prendre dans ses rets.
     Il la demande en mariage.
    Coup de peigne chez Franck Provost, redingote queue de pie, lavallière, gilet croisé, petit melon qui va bien, retrouvant son âme d'enfant, le voici au jour des épousailles qui s'extasie d'un brin d'herbe tandis que sa moitié à qui visiblement il a fait partager  sa découverte éclate d'un bon rire.
    Mais nous sommes déjà parvenus aux trois-quarts de l'ouvrage et ce n'est pas déflorer le roman (travers constant des critiques littéraires) que de révéler qu'ils vécurent très heureux et qu'ils eurent beaucoup d'enfants.

Quintonine, un roman fortifiant !

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       26 février 2019, lu cette fois pour de bon, Sérotonine : notre héros, FC-L a 46 ans (je lui en donnerai plutôt 60 ou 70, en effet, il carbure au Grand-Marnier et au Guignolet-Kirsch, c'est pas trop de son âge). Dépressif, il prend un médoc percutant, anti- comme je viens de le dire. Il largue sa compagne en cours, démissionne de son boulot dans la foulée, passe en revue ses ex, (souvenirs émus de chagattes humides et de pompe-la-moi, tu m'en diras des nouvelles; buffet à volonté). Là-dessus, Il tente en vain de recontacter son ex préférée puis va revoir un copain de promo, agriculteur au bord de la faillite. Voilà, on a fait le tour (en 4*4 Merco).
   
      Qui n'en veut ? très beau, pas cher : 22€

20 juin 2018

Chez Alice


Alice se servait chez Fischer
(étonnant que les ligues de vertu n'aient pas pensé à faire retirer cette pub)

    Chez Marie à Dax, quartier du Gond, a fermé il y a quelques années et c'est tout à fait dommageable. Je n'ai pas trop connu Marie mais plutôt sa lointaine prédécessrice, Alice. Son bistrot, à l'époque, il s'appelait, il s'appelait... Chez Alice. Après un mince boyau contenant quelques tables, rarement occupées, il n'y avait pas de passage, ou alors parfois de quartier à quartier, s'ouvrait l'arrière salle pour les habitués. Il y avait là une large table ovale,  pouvant contenir, oh oui, au moins vingt-cinq personnes (j'étais petit, je voyais tout en grand) où l'on prenait prenait place avec  les connaissances de mon père: Jeannot B. qui vendait des cravates dans un parapluie au marché de Dax, Six-Litres le peintre (j'ai longtemps cru qu'il s'appelait Silitre, un nom comme un autre, je l'ai compris beaucoup plus tard, il s'agissait en fait de sa consommation de vin quotidienne) , les frères Toucome (ils se torchaient souvent vilain mais ils me faisaient rire), Neunœuil (parce qu'il n'avait plus qu'un œil), le petit Broum (j'aimais bien ce nom), Auguste, le vieux coiffeur à la jambe de bois (un souvenir de quatorze) qui me taillait par ailleurs une frange à la Adolf qui m'est restée longtemps sur l'estomac, Anatole, à la mâchoire de trabiole, qui faisait parfois un saut depuis La Torte pour une belote, le Portugais (je n'ai jamais connu son véritable nom) qui travaillait avec mon père chez Andoche, le marchand de bois, et qui était tout noir de charbon, le béret, noir lui aussi, bien enfoncé jusqu'au dessus des sourcils... C'est là que j'ai bu ma première gorgée de bière, comme dit l'autre et c'est vrai que dans la bière, c'est le seul intérêt (et encore, quand il fait chaud).

 
Ce n'est pas un Landais mais à l'internationale de la binouze,
 il n'y a que des frères (et des sœurs)

 Alice qui perpétuait la noble tradition de l’Assommoir, avait aussi inventé sans le savoir, le café brun, comme en Hollande, patiné aux fumées de poêle et de  tabac et aux haleines chargées. Je n'ai de souvenir que de marron, plus clair pour la table, plus foncé pour le plafond et les murs, et pour le sol, sous la sciure qui étanchait les débordements, on devinait... du marron. Et les fenêtres devaient être aussi marron,  ou bien tout simplement il n'y en avait pas, car elles ne m'ont laissé aucune trace.
    Tous se retrouvaient là autour de force chopines pour des conversations dont je n'ai plus la moindre idée, mais j'ai encore dans le nez l'odeur du Gris et des Gauloises, et je vois toujours le mirus lancer  ses éclairs de lumière derrière sa petite fenêtre à feuille de mica. 
    Alice m'aimait bien et je le lui rendais. C'était son mari, (étaient-ils mariés?) qui m'impressionnait. A plusieurs reprises, je l'ai vu entre chien et loup se battre dans la rue contre des adversaires que je ne distinguais pas, certainement des animaux : des rats, des serpents, des éléphants..., à ce qu'on m'a dit.

[Prochains numéros : Chez Jeannotte (Dieu ait son âme) à Peyrouton, Aux Platanes, (en ville disait-on) pour une omelette arrosée de bon matin, Chez Labadie, à la Torte, déjà plus classe, il avait la télé, le Bon Coin à Saint-Vincent (un bon coin vraiment), le Spoutnik, à Saint-Pierre, huit mètres carrés pour une réputation sulfureuse (pas possible, il devait y avoir un étage), chez Diago, Saint-Pierre idem, pour un tiercé dans l'ordre, et puis plus tardif, le Panier à salade, toujours Saint-Pierre, tenu par un  comptable véreux qui n'avait pas peur d'annoncer la couleur...]

Moine caviste goûtant le vin de la barrique tout en remplissant une jarre
A monk-cellarer tasting wine from a barrel while filling a jug.
 From Li Livres dou Santé by Aldobrandino of Siena (France, late 13th century).

    Après cette gorgée de bière qui fut décevante, passant pour les vacances de la ville à la campagne,  chez l'oncle, j'eus alors la révélation de cette incomparable boisson immémoriale qu'est le vin, auprès de quoi, la bière, comme le dit bien l'expression, n'est que de la petite bière (Munich ne fait pas le poids contre Dionysos).
    Chargé d'aller remplir la bouteille au chai, je m’exécutais avec plaisir et une fois celle-ci pleine, chassant les moucherons, je m'envoyais au goulot une bonne lampée et recomplétais le flacon, ni vu ni connu, à la barrique.

Ce sont de ces petits riens qui forgent une destinée.

07 juillet 2016

C'est reparti pour un Tour

avec l'inusable Yvette Horner


elle ressemble furieusement à Michael Jackson


Le plus intéressant, dans une étape du Tour, c'est bien l'arrivée et quoi de plus réconfortant qu'un apéritif au quinquina, élaboré à Thuir, Pyrénées orientales pour se remettre des émotions de la journée.


Prendre aussi le temps de s'en rouler une avec un papier Riz la croix (J'ai longtemps lu  et prononcé Rizla comme grizzli mais je ne suis pas le seul),


puis commander une nouvelle tournée, peut-être un anis sec et sa carafe d'eau bien fraîche. J'ai mis beaucoup d'années à comprendre ce que signifiait cette injonction, sur le mur du trinquet des Charmilles à Dax : " Midi, 7 heures, c'est l'heure du Berger". Dans un premier temps, j'avais pressenti là une manière de message messianique, le berger, le pasteur... puis la puberté venant, j'avais songé à un berger qui aurait entrepris sa chèvre préférée deux fois par jour mais ce qui m’arrêtait c'était l'idée d' horaires aussi drastiques, pour enfin découvrir que le Berger était un apéritif à boire évidemment avant chaque repas.


Le repas justement, l'occasion de faire le tour des spécialités de nos provinces, arrosé de ces bons vins français qui donnent longévité, force et gaieté,


puis un Aspro et au lit.


Au lever, un coup de peigne, une noisette de Pento dans les cheveux, 
comme Raymond Poulie d'or (lacanien ma foi),


une bonne lampée de cet excellent fortifiant qu'est la Quintonine
 et c'est reparti pour un tour.

24 février 2015

À Table !

C’est à Rome, durant les longs repas officiels, qu’il m’est arrivé de penser aux origines relativement récentes de notre luxe, à ce peuple de fermiers économes et de soldats frugaux, repus d’ail et d’orge, subitement vautrés par la conquête dans les cuisines de l’Asie, engloutissant ces nourritures compliquées avec une rusticité de paysans pris de fringale. Nos Romains s’étouffent d’ortolans, s’inondent de sauces, et s’empoisonnent d’épices. Un Apicius s’enorgueillit de la succession des services, de cette série de plats aigres ou doux, lourds ou subtils, qui composent la belle ordonnance de ses banquets ; passe encore si chacun de ces mets était servi à part, assimilé à jeun, doctement dégusté par un gourmet aux papilles intactes. Présentés pêle-mêle, au sein d’une profusion banale et journalière, ils forment dans le palais et dans l’estomac de l’homme qui mange une confusion détestable où les odeurs, les saveurs, les substances perdent leur valeur propre et leur ravissante identité. Ce pauvre Lucius s’amusait jadis à me confectionner des plats rares ; ses pâtés de faisans, avec leur savant dosage de jambon et d’épices, témoignaient d’un art aussi exact que celui du musicien et du peintre ; je regrettais pourtant la chair nette du bel oiseau. La Grèce s’y entendait mieux : son vin résiné, son pain clouté de sésame, ses poissons retournés sur le gril au bord de la mer, noircis inégalement par le feu et assaisonnés çà et là du craquement d’un grain de sable, contentaient purement l’appétit sans entourer de trop de complications la plus simple de nos joies. J’ai goûté, dans tel bouge d’Égine ou de Phalère, à des nourritures si fraîches qu’elles demeuraient divinement propres, en dépit des doigts sales du garçon de taverne, si modiques, mais si suffisantes, qu’elles semblaient contenir sous la forme la plus résumée possible quelque essence d’immortalité. La viande cuite au soir des chasses avait elle aussi cette qualité presque sacramentelle, nous ramenait plus loin, aux origines sauvages des races.

Frans Hals 
Brustbild eines lachenden Knaben mit Weinglas
Portrait d'un garçon riant avec un verre de vin - 1626-28

Le vin nous initie aux mystères volcaniques du sol, aux richesses minérales cachées : une coupe de Samos bue à midi, en plein soleil, ou au contraire absorbée par un soir d’hiver dans un état de fatigue qui permet de sentir immédiatement au creux du diaphragme son écoulement chaud, sa sûre et brûlante dispersion le long de nos artères, est une sensation presque sacrée, parfois trop forte pour une tête humaine ; je ne la retrouve plus si pure sortant des celliers numérotés de Rome, et le pédantisme des grands connaisseurs de crus m’impatiente. Plus pieusement encore, l’eau bue dans la paume ou à même la source fait couler en nous le sel le plus secret de la terre et la pluie du ciel. Mais l’eau elle-même est un délice dont le malade que je suis doit à présent n’user qu’avec sobriété. N’importe : même à l’agonie, et mêlée à l’amertume des dernières potions, je m’efforcerai de goûter sa fraîche insipidité sur mes lèvres...

Marguerite Yourcenar
Mémoires d'Hadrien

Je suis Marguerite
(du moins, pour cette page)

01 décembre 2014

Congaillard

La pissotière de l'Impératrice

L'histoire raconte qu'en 1809, l’Impératrice accompagnant Napoléon aux guerres d'Espagne éprouva en passant au bout de ce vignoble un besoin pressant. Depuis lors, cette parcelle cadastrée sous le nom de "Congaillard" produit des vins jouissant d'une honorable réputation.
▼ 
comme indiqué ci-dessous


Selon nos sources, le Journal d'un Epicurien et de sa Mona, la parcelle était bien cadastrée sous le nom de Congaillard avant que Madame Napoléone ne la compisse.

[ Ça m'a toujours fait bizarre qu'une impératrice puisse pisser comme tout un chacun. Et ne parlons pas de la grosse commission, là,  je ne peux même pas imaginer. ]

L'abus d'alcool, hormis le vin,  est dangereux pour la santé

22 septembre 2014

Chemin faisant

Limoux Limoux
Deux blanquettes de Limoux, deux.
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie
vers l'Italie

à pas comptés

Abbaye de Fontfroide

Kim En Joong - Un des vitraux de la chapelle des morts
 Abbaye de Fontfroide près Narbonne

Arbousier à Fontfroide
Je ne crois pas me planter
mais je n'en ai jamais vu d'aussi grand et d'aussi vieux

Et puis un jujubier à Fontfroide
Je n'en vois pas tous les jours et ça suffit à mon bonheur
(d'autant que je l'avais pris pour un pistachier)

Saint Paul lès Dax ————————————————► Limoux

24 juillet 2014

Vin deus peluts

Vin corsé landais

Réclame du Tampographe Sardon

Comment initier les enfants au vin ? En commençant par un petit 11°.

Dans les Landes - Muletiers dans la forêt

Tous ensemble, tous ensemble...
De là vient certainement l'expression : il a chargé la mule


Artiste basque jouant de la zahato. (détail)

Coup de béret aux  Ets Menjucq (64) et aux Ets Lapique (40) (Buvez Coup-franc !)  
qui ont bercé ma jeunesse de leurs 9 °5 (c'était le bon temps).

Fêtes de Bayonne du 23 au 27 juillet 2014.
[Depuis 2011, les fêtes ont été avancées en juillet pour éviter l'afflux des vilains aoûtiens.]

20 décembre 2013

Contre l'ivresse du vin

Les fêtes sont là.
Le moment de faire un peu de prévention sans saouler.

Velázquez - El Triunfo de Baco o Los Borrachos -détail- Museo del Prado-Madrid-1628

"Comme l'homme n'a rien de plus estimable que sa raison, & qu'il lui arrive souvent de la perdre, par l'excès du vin, il est convenable de lui donner quelque préservatif pour s'en garantir; quand vous serez convié à quelque repas, où vous craindrez de succomber à la douce violence de Bacchus, vous boirez avant que de vous mettre à table deux cuillerées d'eau de bétoine & une cuillerée de bonne huile d'olive, & vous pourrez boire du vin en toute sûreté.... Vous prendrez garde que le verre ou la tasse dans quoi on vous servira à boire, ne sente point la sariette ou la rapure d'ongles, car ces deux ingrédiens contribuent beaucoup à l'ivresse... Si l'on s'est laissé surprendre par le vin il faut, pour l'homme, qu'il enveloppe ses génitoires dans un linge qui soit imbibé de fort vinaigre, & que la femme qui a succombé à l'ivresse, mette un semblable linge sur ses tetons, l'un & l'autre reviendront en leur bon sens." 
[je l'ai testé, ça marche, le truc des génitoires, ça pique un peu mais on s'y fait et j'ai retrouvé effectivement tout mon bon sens.]

Le Petit Albert - 1782

Le troisième ivrogne-Alexandre Benois pour Petrouchka de Stravinsky-1936
Tous ensemble :    
 Ah Léon Léon, Roi de Bayonne, Roi de Bayonne,
Ah Léon Léon, Roi de Bayonne et des couillons !

15 décembre 2013

Un petit tour en Cabanes

Ciel bleu, grand soleil, froid sec, aigrettes et bernaches,
 bassin (d'Arcachon) rincé de ses estivants,
 Huîtres et Entre deux mers, que demander de plus ?


Une affiche à l'image exacte de cette superbe journée


Vélo huîtrier - Andernos - 2013

Pays viticoles et Pays des Landes de Gascogne - Gironde

Une journée si particulière (Ciao Ettore !) aurait dû me laisser l'esprit en repos, le cerveau très légèrement anesthésié par l'iode et le vin blanc, l'estomac apaisé par les huîtres et les chouquettes au dessert mais non, il a fallu que j'agite une question qui m' a parue essentielle : pourquoi les huîtres du bassin d'Arcachon, ( Pays de Buch ) sont-elles associées systématiquement aux vins blancs de l'Entre deux mers, (les deux mers en l’occurrence étant la Garonne et le Dordogne) alors que les Graves plus proches produisent également d'excellents vins blancs. Un phénomène proche de  la Théorie des signatures, "Similia similibus curantur", bassin qui n'est pas encore la mer, entre deux mers qui ne sont pas des mers ? J’interrogeai en pure perte autour de moi.  Le lendemain, consultant Kevin Gougueul, mon oracle, celui-ci est resté sec.
Je me suis donc résolu à rajouter cette nouvelle interrogation à ma collection de questions existentielles non résolues.


Cabanes en fête : oui

11 novembre 2013

La grande omelette


Semez des pommes de terre
Pour les soldats
 Pour la France


- Soignons la basse-cour -
Je suis une brave poule de guerre
 Je mange peu et produis beaucoup
(et hop, voilà de quoi faire une bonne omelette)


Réservez le vin pour nos poilus
(et un petit coup de pinard pour faire passer le tout)
«La guerre, l’art de tuer en grand et de faire avec gloire ce qui, fait en petit, conduit à la potence.»
Jean Henri Fabre - Souvenirs entomologiques 

22 octobre 2013

Les deux bossus

Los dus boçuts

Un còp i avè dus boçuts : un demorava a Cussac, et l'aute a Medrac. Se coneishèn fòrt plan.Valà qu'un jorn de setembre, en cercant ceps, se trobèren dens lo bòsc dau Baden.
- Té ! Aquo's tu ?
- E òc. Adiu. E coma aquò va ?
- A pauc près. E tu ?
-  Tanben. Aquò pòt anar... Mès, hilh dau diable ! sès pas mèi boçut !
-  E non.
-  E coma aquo ?
-  Te vau contar mon afar, tè ! Poiràs har atau, se vòs. Probable que te haràn coma a jo : te tireràn la bòça. Un divendres dessèir, te n'airàs au prat Lauret*, sabes ? Prôche dau castèth de Baishavela*. Te tindràs près de l'entrada. Sau truc de mejanuit i veiràs arribar sèt òmes : aquò's los pus grans sorcièrs dau  Medoc. Sustot, faudrà pas qu'auges paur. Los deisheràs passar, te haràn pas mau : ne haràn pas cas a tu. Alavetz los seguiràs. Quan arriberàn au mitan dau prat, se doneràn tots la man, apuèi haràn la dança ronda en cantant : Tres còps sèt son vint-e-un ! Tres còps sèt son vint-e-un ! E totjorn atau. Compteràs tres torns de ronda. Alavetz, tu sauteràs au mitan e diràs : Apuèi un son vint-e-dus ! E eths s'arresteràn e veiràs...
Nòste boçut manquèt pas lo sabat dau divendres d'après, e podetz creire que hit juste çò que l'aute li avè ensenhat. Mès...
- A ! Mair de Diu : çò dishut un daus sorcièrs. Encara un boçut ! E ! Mès n'an pas fenit de venir nos anujar !... E que fau li har ?
- O té ! Fau li donar la bòça de l'aute.
Marcha : çò que hiren.
Rapelatz-vos lo praube òme se li hadèn dòu sos pas apuèi sa nuitada, per s'auger ganhat duas bòças au lòc d'una !

Guy Lambert
Tiré de Initiation au Gascon de Robert Darrigrand -  Per Noste 1971


Beychevelle : Baisse voile en Gascon

"Le premier château a été construit en 1565 par l'évêque François de Foix-Candale. Sa nièce en hérite et épouse Jean Louis de Nogaret de la Valette, premier duc d'Épernon, grand amiral de France et mignon du roi Henri III, et surtout gouverneur de Guyenne. Il devient alors propriétaire des lieux au début du xviie siècle. Son pouvoir dans la région était tel que les bateaux qui passaient devant le domaine devaient affaler les voiles en signe d'allégeance, donnant le nom au domaine de Baisse voile, qui deviendra Beychevelle et donnera l'emblème du domaine". nous dit Wikipedia.
( le scribe wikipédiste  fait certainement partie du  Rotary-Club ou du Lions-Club, qui reprend une antienne ancienne.)
Ailleurs : "Faisant face à la Gironde, tous les bateaux baissaient leur voile en hommage à son illustre propriétaire le duc d’Epernon, Grand Amiral de France, d’où l’origine de son nom « baisse-voile »." 

[ Ah, affaler les voiles, baisser la culotte, (ça se conçoit toutefois au sens propre particulièrement sous Henri III, )   courber l'échine, baisser les yeux, mettre le genou à terre, faire la révérence, baiser l'anneau, embrasser les pieds ! ...]


Ridicule

"Mais Bernard Ginestet (qui a été un temps propriétaire du Château Margaux) s'est attaché à montrer que ce nom de Beychevelle existait déjà au moins deux cent ans avant, dans les années 1300 lorsque la Guyenne était anglaise. Certains avancent alors la présence possible d'un péage maritime à cet endroit, obligeant les vaisseaux à s’arrêter et baisser les voiles, ce qui parait assez peu crédible quand on sait la difficulté de telles manœuvres dans les courants de l'estuaire et l'importance du temps perdu dans la durée d'une marée.
A cela Bernard Ginestet préfère une explication beaucoup plus prosaïque liée à la difficulté d'entrer dans le port à la voile en raison de son orientation par rapport aux vents dominants : les bateaux devaient rapidement baisser la voile pour se déhaler sur les cordages lancés depuis la rive.....On entend bien les "baisha velho" fusant depuis la rive, ou commandés sur le bateau par les gascons qu'étaient tous ces gens là !" [J'adhère et ne serais pas passé par toutes ces circon-volutions]


"Le château de Beychevelle tire son nom de la coutume qui voulait que les bateaux empruntant la Gironde abaissaient leur voile en arrivant à hauteur du château. Le pré Lauret était connu dans tout le Médoc comme l'endroit où les sorciers tenaient leur sabbat." Robert Darrigrand

[Il y a longtemps, nous l'avons  fréquenté, ce pré Lauret (virtuel) car  faute d'indications cadastrales précises, nous nous l'étions inventé]


Un joli bossu : Fernandel dans  Naïs de Marcel Pagnol-1945
Dessin Albert Dubout

Les deux bossus

Il y avait une fois deux bossus : l'un habitait à Cussac et l'autre à Medrac. Ils se connaissaient fort bien. Voilà qu'un jour de septembre, en cherchant des champignons, ils se rencontrèrent dans le bois de Baden.
- Tiens, c'est toi !
- Et oui ! A dieu ! Et comment ça va ?
- A peu près. Et toi ?
- Aussi. Ça peut aller... Mais sapristi, tu n'es plus bossu !
- Et non !
- Comment as-tu fait ?
- Je vais te raconter mon affaire, tiens ! Tu pourras en faire autant si tu veux. On te fera probablement comme à moi. On t'enlèvera la bosse. Un vendredi soir, tu iras au pré Lauret*, tu connais ? Près du château de Beychevelle*. Tu te tiendras près de l'entrée. Sur le coup de minuit, tu verras arriver sept hommes : ce sont les plus grands sorciers du Médoc. Surtout, il ne faudra pas que tu aies peur. Tu les laisseras passer, ils ne te feront pas de mal. Ils ne feront pas attention à toi. Alors tu les suivras. Quand ils arriveront au milieu du pré, ils se donneront tous la main, puis ils feront un ronde en chantant : trois fois sept, vingt-et-un...et toujours ainsi. Tu compteras trois tours de ronde. Alors tu sauteras au milieu et tu diras : Un de plus et cela fait vingt-deux. Ils s'arrêteront et tu verras.
Notre bossu ne manque pas le sabbat du vendredi suivant et vous pouvez croire qu'il fit juste ce que l'autre lui avait appris. Mais...
- Ah ! Sainte Vierge ! dit un des sorciers. Encore un bossu ! Mais ils n'ont pas fini de venir nous ennuyer ! Et, que faut-il lui faire?
-  Eh bien ! Il faut lui donner la bosse de l'autre.
- Allons ! C'est ce qu'ils firent.
Imaginez-vous si le pauvre homme regrettait ses pas et en plus sa nuit perdue : car il avait gagné deux bosses au lieu d'une !

Guy Lambert
Tiré de Initiation au Gascon de Robert Darrigrand -  Per Noste 1971

30 septembre 2013

Vendanges à la main

tardives cette année,
en mosaïques


Le coupeur - Khirbet al-Mukhayyat - Jordanie


Le porteur - Khirbet al-Mukhayyat - Jordanie


Panier de transport - Khirbet al-Mukhayyat - Jordanie
pré-comporte  ou pré-pastière


Autunno,Taccuino Sanitatis, Casanatense
Résumé de la vendange, pour celles et ceux qui n'auraient pas compris

Vertumne (dieu étrusque des récoltes et de l'abondance) détail. Giuseppe Arcimboldo 

Poudo-me dabant que ploure
Foucho-me dabant que bourre,
Bino-me dabant que flouri;
Te farai béuré de boun  bî.

Taille-moi avant que je pleure,
 Pioche-moi avant que je bourgeonne, 
Bine-moi avant que je fleurisse, 
Et je te ferai boire du bon vin.
La vigne