Mon père avait fait saillir sa petite jument préférée par un très beau
cheval arabe, escomptant avoir d'elle un élégant guilledin de promenade
strictement réservé à son usage personnel : mon père était un être débordant
d'optimisme dans tous ses projets; aussi parlait-il chaque jour de son
guilledin avec une assurance absolue, comme s'il eût déjà élevé et
dressé,______ bridé et sellé à sa porte, prêt à être monté. Or, par une
négligence ou une autre d'Obadiah, le malheur voulut que la jument ne trouva
rien de mieux pour répondre aux espérances de mon père que de lui donner un
mulet, et par-dessus le marché la plus laide des bêtes de cette espèce qu'une
jument ait jamais enfantée.
Ma mère et mon oncle Tobie ne s'attendaient à rien de moins, venant de
mon père, que la mort d'Obadiah______ et voyaient déjà venir un désastre qui
ne connaîtrait point de fin.______Regarde un peu sacripant ! s'écria mon
père,! regarde ce que tu as fait ! _____ Ce n'est pas moi, fit
Obadiah.______Qui sait? repartit mon père.
Laurence Sterne
La vie et les opinions de Tristram Shandy
♫
Là-bas dans la prairie
J'attends toujours, mais en vain
Une fille en organdi
Dès que le printemps revient.
Les filles sont jolies
Dès que le printemps est là
Hughes Aufray