Le cochon est une personne
Métamorphoses du Jour - JJ Grandville |
━ Nénette, t'as le cochon dans le maïs...
Et il s'en retournait vite en bord de touche où des hurlements lui annonçaient qu'il s'était passé quelque chose d'important.
Ma mère chaussait ses sabots et s'en allait dans le maïs.
Elle appelait doucement.
━ Pilou, Pilou, Pilou...
Au bout d'un moment il arrivait le drolle, le porc. Content. On aurait dit qu'il souriait. Il se dandinait de ses deux cents kilos comme une grosse truie qu'il n'était pas. Il grognait de plaisir. Déjà il commençait à se rouler par terre, à se mettre sur le dos. Il attendait la caresse pareil à un petit chien. Ma mère lui parlait comme à un enfant.
━ Petit, petit, petit, joli, joli, joli...
Et le porc de se tordre et rigoler. Demandant qu'on lui gratte le ventre, qu'on lui peigne la soie, qu'on lui flatte la couenne, qu'on discute avec lui. Un énorme bonbon de tendresse, rose dans le vert du maïs.
Ma mère l'amadouait bien vite. Il la suivait tranquillement jusqu'au parc à cochons, au "courtey" au fond du jardin. Il y rentrait sagement comme on rentre à la maison. La perspective de la gamelle sans doute...
Souvent, quand elle l'enfermait, ma mère entendait une immense clameur venue du stade.
━ Ah, disait-elle doucement au cochon, ils ont du gagner...
...Extrait de Pilou dans XV histoires de rugby de Patrick Espagnet
Editions Culture Suds
Cochon d'Espagne - Vallée du Baztan (il a l'air dubitatif) |
Etel et moi, nous l'avons connu, Pilou, (ou bien son frère) tranquille dans son havre au fond du beau jardin, tout comme Nénette qui nous disait qu'elle s’échappait en pleurant quand venait l'heure de l'envoyer ad patres, le Pilou.
[Le porcochon nous plonge également dans des abîmes de réflexions sémantiques. Pourquoi dit-on : ━ Madame la charcutière, donnez-moi s'il vous plait, trois côtelettes de porc et deux pieds de cochon. Et aussi : ━ Celui-là, une vrai tête de cochon ! ━ Ah lui, c'est un gros porc !]
Le cochon, qui n'était pas en odeur de sainteté au Moyen-Âge, est absent mais son cousin sauvage, le sanglier, le représente.
Albertus Magnus - De animalibus |
Le cochon, qui n'était pas en odeur de sainteté au Moyen-Âge, est absent mais son cousin sauvage, le sanglier, le représente.
je n'étais pas venue depuis longtemps, mais l'appel du cochon m'a attirée ! super !!!!
RépondreSupprimerReprenons donc avec Alfred de vigny :
SupprimerJ'aime le son du porc, le soir, au fond des bois !
On les dit très intelligents.
RépondreSupprimerMais je ne sais pas, je ne fréquente ces bêtes-là qu'en pâté.
Cannibale !!!
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