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11 janvier 2016

Fête du centenaire

Après les vœux de bonne année, voici le temps des commémorations. Préparons-nous à fêter comme il se doit le centenaire de la cure thermale que Félix Vallotton suivit en avril 1916 à Dax.

Félix Vallotton 1865-1925 - L'Adour à Dax, temps gris - 1916

De l'Adour à Dax, temps de gris. Les peintures de paysages à partir de 1916 est, par Félix Vallotton dans son catalogue des œuvres, la soi-disant Livre de raison comme « Vue de l'Adour un Dax. Temps gris » énumérés.
La fin de Avril de 1916, après un séjour de trois mois en Suisse, Vallotton est tombé malade avec une inflammation du nerf sciatique aiguë. Lorsque la douleur est devenue insupportable et Vallotton était obligé de se déplacer à l'aide de béquilles, il a décidé de guérir à Dax. La ville française du sud de Dax, qui est divisée par la rivière Adour dans deux domaines, est principalement connue pour ses cures et la première station thermale de France.
Pendant ce séjour à l'Hôtel des Baignots, quatre paysages, dont trois seulement recevaient dans le sien, Livre de raison émergé. Cette série avec de très belles vues de la ville et autour de Dax a également signalé que la douleur Vallotton ont pas empêché d'aller travailler.

Notes de Hermann Chuquedit

Félix Vallotton - Les bancs de sable sur la Loire, 1923


18 février 2025

Renard et l’âne (et la dinde)

  Tout lui est égal. Chaque matin, il voiture, d’un petit pas sec et dru de fonctionnaire, le facteur Jacquot qui distribue aux villages les commissions faites en ville, les épices, le pain, la viande de boucherie, quelques journaux, une lettre.  

Cette tournée finie, Jacquot et l’âne travaillent pour leur compte. La voiture sert de charrette. Ils vont ensemble à la vigne, au bois, aux pommes de terre. Ils ramènent tantôt des légumes, tantôt des balais verts, ça ou autre chose, selon le jour.

Vincent van Gogh - Charrette à âne - 1881

Jacquot ne cesse de dire : « Hue ! hue ! » sans motif, comme il ronflerait. Parfois l’âne, à cause d’un chardon qu’il flaire, ou d’une idée qui le prend, ne marche plus. Jacquot lui met un bras autour du cou et pousse. Si l’âne résiste, Jacquot lui mord l’oreille.  

Ils mangent dans les fossés, le maître une croûte et des oignons, la bête ce qu’elle veut.  
Ils ne rentrent qu’à la nuit. Leurs ombres passent avec lenteur d’un arbre à l’autre.  
Subitement, le lac de silence où les choses baignent et dorment déjà, se rompt, bouleversé.
Quelle ménagère tire, à cette heure, par un treuil rouillé et criard, des pleins seaux d’eau de son puits ?  
C’est l’âne qui remonte et jette toute sa voix dehors et brait, jusqu’à extinction, qu’il s’en fiche, qu’il s’en fiche. 

 Jules Renard - Histoires naturelles 1874

édition originale Flammarion de 1896
Jules Renard et Félix Vallotton

LA DINDE
Elle se pavane au milieu de la cour, comme si elle vivait sous l'ancien régime.

Les autres volailles ne font que manger toujours, n'importe quoi. Elle, entre ses repas réguliers, ne se préoccupe que d'avoir bel air. Toutes ses plumes sont empesées et les pointes de ses ailes raient le sol, comme pour tracer la route qu'elle suit: c'est là qu'elle s'avance et non ailleurs.

Elle se rengorge tant qu'elle ne voit jamais ses pattes.

Elle ne doute de personne, et dès que je m'approche, elle s'imagine que je veux lui rendre mes hommages.

Déjà elle glougloute d'orgueil.

— Noble dinde, lui dis-je, si vous étiez une oie, j'écrirais votre éloge, comme le fit Buffon, avec une de vos plumes. Mais vous n'êtes qu'une dinde.

J'ai dû la vexer, car le sang monte à sa tête. Des grappes de colère lui pendent au bec. Elle a une crise de rouge. Elle fait claquer d'un coup sec l'éventail de sa queue et cette vieille chipie me tourne le dos.

Bois de Félix Vallotton

11 novembre 2010

Ah! Dieu que la guerre est jolie


Otto Dix - Assaut sous les gaz. 1924


Félix Vallotton - Les barbelés. 1916

Avec ses chants ses longs loisirs

Guillaume Apollinaire - Calligrammes (1918), l'Adieu du Cavalier

26 janvier 2015

Iris et Libellule

Un peu de poésie dans ce monde de frustes.


Lorrain (Paul Duval, dit Jean). Manuscrit autographe signé d'un poème daté d'avril 1895, sur un éventail (68 x 36 cm) orné d'une aquarelle. Papier vélin fort monté sur 8 brins de bois clair façon bambou. Iris avec une libellule.
Longs pétales de soie et calices funèbres,
Je suis, fiers iris noirs, fervent de vos ténèbres ;
Thyrses de crêpe éclos jadis aux bois dormants
Vous êtes délicats, monstrueux et charmants.
Fleurs d'ombres à la fois candides et subtiles,
La chasteté du mal vit dans vos cœurs hostiles
Et vous semblez garder, pour l'amour de Sigurd,
Le vallon où Brunhild dort son sommeil obscur.
Un éternel défi jaillit de vos corolles,
Et je vous vois, iris, fleurir en auréoles
Les tempes de ceux-là qui, désirant toujours
Ne consentent jamais, — fleurs des vierges amours ...

J.L. Par Félix Vallotton

« Lorrain,avait une tête poupine et large à la fois de coiffeur vicieux, les cheveux partagés par une raie parfumée au patchouli, des yeux globuleux, ébahis et avides, de grosses lèvres qui jutaient, giclaient et coulaient pendant son discours. Son torse était bombé comme le bréchet de certains oiseaux charognards. Lui se nourrissait avidement de toutes les calomnies et immondices. »
Léon Daudet in Souvenirs




Jean Lorrain (Paul Duval, dit Jean) par Sem
[ Le poète tel qu'on le rêve. Il s'est battu en duel avec Marcel Proust. Ça a dû être joli ! ]

05 juin 2009

Crimes et châtiments


L'Assiette au beurre 1902 Crimes et châtiments
par Félix Vallotton

Suite à dépôt de plainte contre X par Nadine Mor..no., la secrétaire d'État à la Famille, pour injures publiques envers un membre du ministère, Dominique B., mère de famille de 49 ans, de Saint-Paul-lès-Dax (diu vivant, elle va nous faire passer honte) qui a laissé le commentaire suivant : Hou la menteuse sur une vidéo du site Dailymotion, sera entendue dans les locaux du Commissariat de Dax le 11 juin par un officier de police judiciaire de la brigade de répression de la délinquance contre la personne, descendu de la capitale.

Sud-Ouest
du 050609

[Espérons qu'elle soit condamnée à la décapitation en place publique (je verrais bien la place du marché), ça mettra de l'animation et c'est bon pour le tourisme]

23 avril 2019

Les bons conseils de l'oncle Isidore

Isidore Ducasse
Comte de Lautréamont
par Félix Vallotton
Cet enfant, qui est assis sur un banc du jardin des Tuileries, comme il est gentil ! Ses yeux hardis dardent quelque objet invisible, au loin, dans l’espace. Il ne doit pas avoir plus de huit ans, et, cependant, il ne s’amuse pas, comme il serait convenable. Tout au moins il devrait rire et se promener avec quelque camarade, au lieu de rester seul ; mais, ce n’est pas son caractère.

Cet enfant, qui est assis sur un banc du jardin des Tuileries, comme il est gentil ! Un homme, mû par un dessein caché, vient s’asseoir à côté de lui, sur le même banc, avec des allures équivoques. Qui est-ce ? Je n’ai pas besoin de vous le dire ; car, vous le reconnaîtrez à sa conversation tortueuse. Écoutons-les, ne les dérangeons pas :

– À quoi pensais-tu, enfant ?

– Je pensais au ciel.

– Il n’est pas nécessaire que tu penses au ciel ; c’est déjà assez de penser à la terre. Es-tu fatigué de vivre, toi qui viens à peine de naître ?

– Non, mais chacun préfère le ciel à la terre.

– Eh bien, pas moi. Car, puisque le ciel a été fait par Dieu, ainsi que la terre, sois sûr que tu y rencontreras les mêmes maux qu’ici-bas. Après ta mort, tu ne seras pas récompensé d’après tes mérites ; car, si l’on te commet des injustices sur cette terre (comme tu l’éprouveras, par expérience, plus tard), il n’y a pas de raison pour que, dans l’autre vie, on ne t’en commette non plus. Ce que tu as de mieux à faire, c’est de ne pas penser à Dieu, et de te faire justice toi-même, puisqu’on te la refuse. Si un de tes camarades t’offensait, est-ce que tu ne serais pas heureux de le tuer ?

– Mais, c’est défendu.

– Ce n’est pas si défendu que tu crois. Il s’agit seulement de ne pas se laisser attraper. La justice qu’apportent les lois ne vaut rien ; c’est la jurisprudence de l’offensé qui compte. Si tu détestais un de tes camarades, est-ce que tu ne serais pas malheureux de songer qu’à chaque instant tu aies sa pensée devant tes yeux ?

– C’est vrai.

– Voilà donc un de tes camarades qui te rendrait malheureux toute ta vie ; car, voyant que ta haine n’est que passive, il ne continuera pas moins de se narguer de toi, et de te causer du mal impunément. Il n’y a donc qu’un moyen de faire cesser la situation ; c’est de se débarrasser de son ennemi. Voilà où je voulais en venir, pour te faire comprendre sur quelles bases est fondée la société actuelle. Chacun doit se faire justice lui-même, sinon il n’est qu’un imbécile. Celui qui remporte la victoire sur ses semblables, celui-là est le plus rusé et le plus fort. Est-ce que tu ne voudrais pas un jour dominer tes semblables ?

– Oui, oui.

– Sois donc le plus fort et le plus rusé. Tu es encore trop jeune pour être le plus fort ; mais, dès aujourd’hui, tu peux employer la ruse, le plus bel instrument des hommes de génie. Lorsque le berger David atteignait au front le géant Goliath d’une pierre lancée par la fronde, est-ce qu’il n’est pas admirable de remarquer que c’est seulement par la ruse que David a vaincu son adversaire, et que si, au contraire, ils s’étaient pris à bras-le-corps, le géant l’aurait écrasé comme une mouche ? Il en est de même pour toi. À guerre ouverte, tu ne pourras jamais vaincre les hommes, sur lesquels tu es désireux d’étendre ta volonté ; mais, avec la ruse, tu pourras lutter seul contre tous. Tu désires les richesses, les beaux palais et la gloire ? ou m’as-tu trompé quand tu m’as affirmé ces nobles prétentions ?

– Non, non, je ne vous trompais pas. Mais, je voudrais acquérir ce que je désire par d’autres moyens.

– Alors, tu n’acquerras rien du tout. Les moyens vertueux et bonasses ne mènent à rien. Il faut mettre à l’œuvre des leviers plus énergiques et des trames plus savantes. Avant que tu deviennes célèbre par ta vertu et que tu atteignes le but, cent autres auront le temps de faire des cabrioles par-dessus ton dos, et d’arriver au bout de la carrière avant toi, de telle manière qu’il ne s’y trouvera plus de place pour tes idées étroites. Il faut savoir embrasser, avec plus de grandeur, l’horizon du temps présent. N’as-tu jamais entendu parler, par exemple, de la gloire immense qu’apportent les victoires ? Et, cependant, les victoires ne se font pas seules. Il faut verser du sang, beaucoup de sang, pour les engendrer et les déposer aux pieds des conquérants. Sans les cadavres et les membres épars que tu aperçois dans la plaine, où s’est opéré sagement le carnage, il n’y aurait pas de guerre, et, sans guerre, il n’y aurait pas de victoire. Tu vois que, lorsqu’on veut devenir célèbre, il faut se plonger avec grâce dans des fleuves de sang, alimentés par de la chair à canon. Le but excuse le moyen. La première chose, pour devenir célèbre, est d’avoir de l’argent. Or, comme tu n’en as pas, il faudra assassiner pour en acquérir ; mais, comme tu n’es pas assez fort pour manier le poignard, fais-toi voleur, en attendant que tes membres aient grossi. Et, pour qu’ils grossissent plus vite, je te conseille de faire de la gymnastique deux fois par jour, une heure le matin, une heure le soir. De cette manière, tu pourras essayer le crime, avec un certain succès, dès l’âge de quinze ans, au lieu d’attendre jusqu’à vingt. L’amour de la gloire excuse tout, et peut-être, plus tard, maître de tes semblables, leur feras-tu presque autant de bien que tu leur as fait du mal au commencement !…

Les Chants de Maldoror
Isidore Ducasse

[ Il est bien gentil, tonton Isidore mais parfois, je me demande s' il n'hallucine pas un peu]