Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;
Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !
Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau,
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.
Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.
Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.
- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.
Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l’œil du fond des corridors !
Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l’œil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.
Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.
Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;
Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.
Arthur Rimbaud
1854 - 1891
Les assis
Alberto Sordi dans "Comme une reine" d'Ettore Scola dans le film à sketches :
Les nouveaux monstres, sorti en 1977.
[J'ai cherché qui tenait le rôle de la mamma mais je n'ai pas trouvé]
Ciao mamma ! |
il semble que la mamma soit Adelina Provin
RépondreSupprimerhttps://it.wikipedia.org/wiki/I_nuovi_mostri
Merci, le wiki italien est bien plus complet : du coup, j'ai été consulter IMBd, Il apparaît qu'Adelina Provin a entamé sa carrière par ce sketch et qu'elle n'a plus tourné ensuite, normal, puisqu'elle est entrée en maison de retraite.
SupprimerJ'aurais dû regarder les commentaires avant de partir à "donf" sur le nom de la mamma-mimi. J'ai donc aussi trouvé son nom. Tout ça dans un esprit d'escalier", je crois qu'on dit comme ça, qui est parti d'une émission sur les mamies confinés sur France-Culture dont le générique de fin était "La vie d'ici bas d'A. M." qui était dans ce blog y'a pas si longtemps ... et hop ... clic-clic ... L'arbre aux questions (quoi de neuf !) et hop ...tiens encore une mamie ! Boucle bouclée !
RépondreSupprimerTout est dans tout comme disaient Anaxagore et Maître Eckhart et réciproquement comme complétait Pierre Dac...
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