04 février 2015

Lou ristoun

ou l'arristoun

Ristoun : Endroit où l'on gorge les bœufs. Action de gorger les bœufs. (ristoulier : râtelier)
Abbé Vincent Foix,  Dictionnaire gascon-français


 Lou ristoun - Intérieur landais
Alphonse Benquet - 1857- Tartas -1933

Les bouviers des Landes habituent la race bovine du pays à passer la  tête par une ouverture, nommée atieste, ristou, et à prendre de leurs mains la paille, les herbes grossières, les feuilles sèches, entourées de feuilles de maïs ou de bon foin, qu'ils leur distribuent, bouchée par bouchée. Le bétail auquel a été donnée cette accoutumance ne sait plus manger au râtelier.
Jean Poueigh - Le folklore des pays d'oc - La tradition occitane - Payot - 1952

Dans les Landes de Gascogne, l'habitat rural d'autrefois (localement appelé oustaù) présentait des estaulîs ou des ulheyres, doubles ouvertures pratiquées dans la cloison de l'étable et que fermaient deux petites portes liées l'une à l'autre et glissant dans la rainure à hauteur d'appui. C'est par cette sorte de guichet, donnant souvent dans la cuisine, sur l'un des deux côtés du foyer, mais toujours dans la pièce munie d'une cheminée, que les bœufs passaient leur tête pour recevoir de la main du bouvier assis sur son trépied (lou trubés) le pachedeuy, petits paquets de paille broyée ou d'autre fourrage dans lequel il plaçait à mesure un peu plus de son et qu'il passait un à un dans leur bouche, durant des heures entières.


Lou pachedeuy -  Intérieur landais
Photographie de Ferdinand Bernède - Arjuzanx 1869 - Dax 1963

Image number : 05-534806
Inventory Number :
Collection : Popular art
Title : Intérieur dans les Landes (lou pachedeuy)
Description : carte postale F.Bernède à Morcenx, Landes
Photo Credit : (C) MuCEM, Dist. RMN-Grand Palais / A. Guey
Production site : Landes (département français) (origine)
Location : Paris, MuCEM, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée
Keywords : chair . furniture (representation of) . house (interior) . intérieur rustique . interior scene . peasant . rural life

[reposons un peu les pieds sur terre]

29 janvier 2015

Crime et Châtiment

chez les Rois du Pétrole

Tableau des réjouissances

Aïe ! à la première case, je suis déjà mort; c'est dire qu'après, les coups de fouet, l'exil pour un an, la lapidation, l'amputation des mains et des pieds, la crucifixion ..., me laissent froid.

26 janvier 2015

Iris et Libellule

Un peu de poésie dans ce monde de frustes.


Lorrain (Paul Duval, dit Jean). Manuscrit autographe signé d'un poème daté d'avril 1895, sur un éventail (68 x 36 cm) orné d'une aquarelle. Papier vélin fort monté sur 8 brins de bois clair façon bambou. Iris avec une libellule.
Longs pétales de soie et calices funèbres,
Je suis, fiers iris noirs, fervent de vos ténèbres ;
Thyrses de crêpe éclos jadis aux bois dormants
Vous êtes délicats, monstrueux et charmants.
Fleurs d'ombres à la fois candides et subtiles,
La chasteté du mal vit dans vos cœurs hostiles
Et vous semblez garder, pour l'amour de Sigurd,
Le vallon où Brunhild dort son sommeil obscur.
Un éternel défi jaillit de vos corolles,
Et je vous vois, iris, fleurir en auréoles
Les tempes de ceux-là qui, désirant toujours
Ne consentent jamais, — fleurs des vierges amours ...

J.L. Par Félix Vallotton

« Lorrain,avait une tête poupine et large à la fois de coiffeur vicieux, les cheveux partagés par une raie parfumée au patchouli, des yeux globuleux, ébahis et avides, de grosses lèvres qui jutaient, giclaient et coulaient pendant son discours. Son torse était bombé comme le bréchet de certains oiseaux charognards. Lui se nourrissait avidement de toutes les calomnies et immondices. »
Léon Daudet in Souvenirs




Jean Lorrain (Paul Duval, dit Jean) par Sem
[ Le poète tel qu'on le rêve. Il s'est battu en duel avec Marcel Proust. Ça a dû être joli ! ]

23 janvier 2015

L'art de voler


De l'éditeur :
L'art de voler

Ce livre est né d'un fait réel : le suicide d'un homme de 90 ans qui s'élance du quatrième étage de sa maison de retraite pour voler enfin librement. Dernier fils d'une famille rurale, le père d'Antonio Altarriba naît en Aragon à l'orée du XXe siècle. Son idée fixe est de quitter son village pour les lumières de la ville. Il rallie les cohortes d'Espagnols sans pain ni toit, exploités, exposés à toutes les rigueurs du temps : chute de la monarchie, Seconde République, guerre civile, dictature de Franco, exode, Deuxième Guerre mondiale, retour et exil intérieur...
À travers les tribulations extraordinaires de cet homme ordinaire, Altarriba et Kim donnent une dimension universelle à la trajectoire d'une particule élémentaire qui ne renonce jamais jusqu'à l'heure ultime à voler sur les ailes de la justice et de la liberté.

El arte de volar - Instrucciones de uso - Edicions de Ponent
 Le mode d'emploi ici

L'Espagne du XXe siècle en quelques 200 pages de dessins et de textes.
Le titre est beau, les dessins sont beaux, les textes sont beaux.

© 2009 El Arte de volar Edicions de Ponent
© 2011 Editions Denoël pour la traduction française

20 janvier 2015

Gregory Porter &The Metropole Orchestra


Full concert, Paradiso. Amsterdam.
Un peu de musique ne fera pas de mal


Dans la lignée des Ray Charles, Nat King Cole, Marvin Gaye, James Brown...

[Moins loin qu'Amsterdam, Gregory Porter était en concert à Anglet (64) le 3 octobre 2014 à la Salle Quintaou. J'aurais pu être aux premières loges et je l'ai raté !!!]

16 janvier 2015

Le monde à l'envers

ou à l'endroit, c'est selon
question de points de vue

Le choix du Nord en haut de la carte est une convention qui remonte  à  
Ératosthène et Ptolémée

Planisphère d'Al-Idrīsī pour le roi Roger de Sicile, orienté sud nord

Planisphère d'Al-Idrīsī pour le roi Roger de Sicile, réorienté nord sud

Al-Idrīsī, né à Sebta, Ceuta, mort en Sicile vers 1165.

Upside-down Map
Mapa invertido

Sur les méridiens également, il y a de la friture :

Un méridien d'origine est le méridien servant de référence pour la longitude, d'où son indication sur les cartes comme le 0° de longitude. Le choix de ce méridien est une convention, discutable par définition, sur laquelle on va souvent centrer les cartes.
Plusieurs méridiens ont été choisi comme origine, essentiellement en raison du nationalisme :
dans l'Antiquité, les auteurs grecs utilisaient souvent le méridien d'Alexandrie (Ptolémée a pris lui les îles des Bienheureux) ;
au Moyen Âge, les cartes sont centrés sur Jérusalem ou La Mecque ;
au XVIe siècle, les Portugais choisissent celui de Terceira (une île des Açores), Mercator plaça le sien sur l'île de Fuerteventura (aux Canaries), tandis que les Espagnols celui de Tolède (en Espagne) ;
au XVIIe, les géographes français prennent le méridien de l'île de Fer (une île des Canaries) comme référence ;
aux XVIIIe et XIXe siècles, le méridien de Paris (passant par l'Observatoire) affronte le méridien de Greenwich (passant par l'observatoire de la banlieue de Londres), et de façon plus marginale les méridiens du détroit de Béring, de Washington, de Bruxelles, de Rome, de Copenhague, de Saint-Pétersbourg ou de Kyoto ;
en 1884, lors de la conférence de Washington, 22 États choisissent le méridien de Greenwich (mais refus temporaire de la France et du Brésil).

On n'est jamais sorti de l'auberge

13 janvier 2015

Un message d'espoir

 

Jean Bosc a réchappé à l'attentat du 7 janvier 2015. 
Il s'est suicidé le 3 mai 1973.

Je suis un humain 
de la plus malfaisante
des espèces terrestres

03 janvier 2015

Lendemains ballonnés

Laetitia & Sebastien Photography

Et à l'autre bout ? :
Eh bien ce sera bien foiegraté, chaponné, huitré, axoaté (du basque axoa), chocolaté, saintémilionnisé, champagnisé, les poissons vont se régaler, ce qui nous mène tout droit à l'euphémisant petit coin et à la réflexion suivante en ce début d'année (je crois avoir pondu un zeugme) :
Il y a peu d'activités humaines  qui soient à ce point recouvertes d'un doux voile sémantique. Seules les populaires chiottes, les cagouinces ou cagouinsses (de l'occitan cagar : chier) ne font pas leur sucrées et affichent clairement leur vraie destination merdicatoire.
Sinon il faut naviguer entre gogues et  goguenots (attention à ne pas glisser) pour un peu d'argot, les latrines, les feuillées, les cabinets, les lieux d'aisance, le cabinet d'aisance, les sanitaires, les lavabos, les WC,  water closet, (un truc que ne connaissent pas les Angliches qui appellent ça toilet ou lavatory), les commodités, la chaise percée, le pot, les toilettes, la garde-robe, (plus faux cul, tu meurs) le  petit coin, la bécosse au Québec (de l'anglais backhouse : derrière la maison), les Espagnols ne sont pas en reste avec le  retrete, (même étymologie que retraite) l'inodoro (l'inodore ?, ils ont bien de la chance) l' excusado (comme son nom l'indique),  tout ça pour aller à la selle.

Développement durable de l'après guerre

La selle en littérature : 
« La dame (...) ajouta (...) qu'elle faisait à présent "des vents en allant à la selle, que c'était comme un vrai feu d'artifice... Qu'à cause de ses nouvelles selles, toutes très formées, très résistantes, il lui fallait redoubler de précautions... Parfois elles étaient si dures les nouvelles selles merveilleuses, qu'elle en éprouvait un mal affreux au fondement... Des déchirements (...)" »
Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit - 1932
(Céline était docteur en médecine, c'est dire s'il a pu recueillir nombre de confidences troudeballiennes.)


Chions gaiement dans les jolies toilettes construites par Friedensreich Hundertwasser à Kawakawa (Kakakaka ?) en Nouvelle Zélande.

[Bon, souhaitons que 2015 ne soit une année de merde]

30 décembre 2014

Aux arbres, citoyens !

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le cœur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’œil dans l’herbe profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu !
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence !
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel !
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,

Victor Hugo, Paysage aux trois arbres, 1850
plume et lavis d'encre brune, encre noire , crayon noir sur papier vélin.

Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives !
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime !
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.
Victor Hugo , Les contemplations,  Aux arbres 

[Je me suis aperçu qu' Aux arbres citoyens, Yannick Noah l'avait déjà chanté mais je ne vais pas jouer petit bras pour autant.]