Aux morts naïfs

Morts au Champ d'honneur

( le champ d'honneur, un drôle de nom, 
a été remplacé ensuite par Mort pour la France )

Monument aux morts de Banos - Landes,

érigé à l'initiative du chanoine Descorps

Le fusil au repos, un air songeur et bien pacifique, ce Poilu moustachu pense certainement avec nostalgie à sa verte campagne et à la famille qu'il a laissée au pays.

[Je n'ai jamais été porté sur les monuments aux morts mais celui-là me réconcilie avec le genre.]

30/06/2014 : un autre Poilu dubitatif
que j'ai ramené de Pradelles - Haute-Loire - Auvergne

Le registre des Indésirables

Ahmed Kamel el Razez, syrien, expulsé de l'Egypte

Anna Pinchon, française, prostituée

Docteur Aly Sami, sujet turc

Abraham Nikolinsky, sujet local, pickpocket

Antonio Negro, italien, bolchevick (vaporub)

Marguerite Attard Michetti, française,
 tenancière d'une maison mal famée

Présenté au MuCEM lors de la belle exposition  : Le noir et le bleu (terminée le 6 janvier) , l'épais Registre des Indésirables du Consulat Royal d’Egypte à Smyrne, daté de 1926,  tenu d'une plume soignée, ronds et déliés, aurait mérité à mon avis un éclaté et un espace de présentation à lui tout seul. En effet, seules les deux premières pages de la lettre A étaient visibles.

[J'ai toujours mieux voyagé dans l'Histoire à travers un registre,  comme ici, un livre de comptes, un carnet de maquignon, une lettre de poilu ... plutôt qu'à la lecture d'indigestes pensums.] 

Alphonse Bertillon - 1853-1914 - autoportrait - 1900

Alphonse Bertillon inventeur de l'anthropométrie judiciaire [et de la thèse fumeuse de l'autoforgerie conçue spécialement pour prouver la culpabilité du capitaine Dreyfus : Dreyfus aurait contrefait sa propre écriture selon un procédé savant ! je n'ai pas tout compris).].

Alphonse, un Indésirable à moi.

Alternateuf Tziganin'

Une belle affiche mais trop tard

...chaîne en or au cou, chemise blanche largement ouverte sur un torse velu, ajoutez borsalino et grosse chevalière et vous entrez dans l’univers alternateuf ... RFI Musiques Mai 2006

[le rêve de toute une vie; pour la chaîne, la chemise blanche, le borsalino et la chevalière, je peux le faire, pour le torse velu c'est plus dur, étant poilu comme un caillou des Gaves de Pau et d'Oloron réunis]

La caravane passe

Les derniers Poilus

Une place gratuite au Panthéon est offerte au dernier Poilu de la guerre 14-18 par l'Elysée.
Mais il y a un os. Au lieu de se battre, comme de vrais soldats , pour être le dernier survivant et gagner la place au Panthéon, Louis de Cazenave et Lazare Ponticelli, les deux derniers Poilus, 110 ans chacun, ces ingrats, refusent ce beau challenge et font tous deux la fine bouche en déclinant l'honneur qui leur est fait.

Louis de Cazenave

Médailles et honneurs : "De la fumisterie !"De la Légion d'honneur: "Ils peuvent se l'accrocher quelque part"Pourquoi moi?: "Certains de mes camarades n'ont même pas eu le droit à une croix de bois"

Lazare Ponticelli

"Je refuse ces obsèques nationales. Ce n'est pas juste d'attendre le dernier poilu. C'est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu'ils méritaient. On n'a rien fait pour eux. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant... Même un petit geste aurait suffi."
Extraits: Le Monde 09.11.07

Longue vie à vous, Louis et Lazare, et mes amitiés.

Quelques romans sur la guerre de 14-18 à lire sur la plage , l'été prochain:

Le feu d'Henri Barbusse
Les Croix de bois de Roland Dorgelès
Orage d'acier d'Ernst Jünger

Une autre parole de Poilu ici.

Parole de Poilu

1939-1945:

 "Ach! la guerre, gross malheur!"
 Effectivement, la première guerre mondiale n'avait pas servi de leçon.

Le 24 septembre 1915

Chers cousins et cousines

Ne voulant pas écrire à chez nous ce que je veux vous dire, vous m'excuserez d'avoir recours à vous. C'est peut-être la dernière lettre que j'écris car dans une heure, nous montons aux tranchées pour demain attaquer et essayer de faire la trouée. Comme ma compagnie part en tête, il est probable que pas ou très peu rentreront donc je vous demanderai, si au cas où je n'écris plus, de faire part de ma lettre à chez nous. Notre attaque se produit dans la plaine, un peu sur la gauche de Saint-Thomas, petit village de la Marne. Donc c'est là que j'irai porter mes os.
Vous pourrez les consoler un peu en leur disant que c'est pour la délivrance de la France que je suis tombé. Conservez le silence et excusez-moi de vous envoyer cette lettre. Les derniers baisers que j'adresse sont sûrement pour vous mais réservez-en un peu à mes parents. Adieu.

F. Hezard

Extrait de Paroles de Poilus
Lettres et carnets du front 1914-1918
Librio 1998

Les deux derniers Poilus ici