26 février 2024

Le chêne de Goethe

    En 1937, lors de l’édification du camp de concentration de Buchenwald, sur la colline d’Ettersberg, près de Weimar, en Allemagne, les bâtisseurs épargnent un « gros chêne » (signalé comme tel sur les cartes), dont il ne subsiste aujourd’hui que la souche. Johann Wolfgang Goethe ayant résidé à Weimar au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, et ayant fréquemment visité la colline de l’Ettersberg, les déportés surnommèrent cet arbre « le chêne de Goethe » (Die Goethe-Eiche).

Le chêne de Goethe  Buchenwald
Dessin de Léon Delarbre

   Situé au centre de la place d’appel, l’arbre est respecté des SS comme des déportés. Ce symbole d’une Allemagne autrefois humaniste, désormais viciée par le nazisme, donne, pour ces derniers, matière à une légende : si le chêne de Goethe venait à être abattu, ce serait aussi la mort de l’Allemagne nazie. En août 1944, les bombardements alliés endommagent sévèrement le chêne de Goethe. Il est alors abattu… Plusieurs déportés emporteront avec eux des morceaux, fragments ou copeaux de l’arbre.

Léon Delarbre, artiste peintre, conservateur du musée de la ville de Belfort, résistant et ancien déporté.