Le peuplier ne pleure pas comme le saule. Non, lui, on a plutôt l'impression qu'il sourit. Si peu qu'un petit vent lui fasse la bise, il a un espèce de friselis content, un frisson de sourire, un tremblement d'oiseau effrayé par l'orage.
Un stade nous tient à cœur parfois à cause d'un arbre. J'en connais un à Bègles avec qui j'ai des complicités muettes et une véritable amitié. C'est un peuplier, là-bas au coin, entre le fronton et le stade de foot.
On se parle sans mots. Il me montre le vent. Il me dit le ciel. Il se fait caresser par la pluie. Il chantonne le temps, celui qui passe, celui qu’il fait. Il apprivoise la grêle. Il calcule les grives. Il désigne les nuages de la seconde mi-temps. Il sait les horizons bien avant qu'ils n'arrivent...
Patrick Espagnet
XV HISTOIRES DE RUGBY
XV HISTOIRES DE RUGBY
Culture Suds, Bordeaux
[Patrick Espagnet, un (difficile) ami disparu]