23 décembre 2010

Le mystère de la pyramide


Les pyramides de Gizeh

(126) Chéops en vint, dit-on, à tant d'infamie qu'à court d'argent il plaça sa propre fille dans un lieu de débauche et lui ordonna de gagner une somme déterminée (combien? c'est un point qu'on ne m'a pas précisé). La fille obéit à son père, mais voulut laisser elle aussi un monument à son nom et pria chacun de ses visiteurs de lui faire cadeau d'une pierre. Avec ces pierres, m'a-t-on dit, fut construite celle des trois pyramides qui se trouve au centre du groupe, en avant de la grande pyramide, et qui a un plèthre et demi de côté.

Hérodote -  L'Enquête, II

[ un joli tour de passe-passe ]

18 décembre 2010

Le geai jase


Albrecht Dürer - 1512 - Aile de geai bleu

Il cacarde aussi, cageole ou cajole, cocarde, frigotte, frigulote, fringole, gajole...

15 décembre 2010

Sa vie, son oeuvre

    «A personalidade das pessoas não tem nada a ver com a escrita. As coisas têm de se distinguir completamente. Quando se lê um livro de um determinado autor, porque é que se há-de saber a vida dele? (...) A obra é uma coisa que fica. Se tirarmos os filhos da puta da literatura e da pintura, ficamos com nada. Se se tirarem os bêbedos, fica-se com zero. Se deixarmos só os livros feitos por pessoas que se portavam bem, tratavam bem a mulher, eram bons amigos e pagavam as contas a horas, ficamos só com merda.»

Miguel Esteves Cardoso


Louis-Ferdinand Céline

    «La personnalité de l' auteur n'a rien à voir avec son écriture. On doit entièrement distinguer les deux. Si on lit le livre d'un auteur déterminé, pourquoi s'intéresser à sa vie ? (...) L'œuvre demeure. Si l'on supprimait tous les fils de pute de la littérature et de la peinture, il ne resterait personne. Si on enlevait les ivrognes, il ne resterait rien. Si on ne nous laissait que des livres de bien-portants, traitant bien leur femme, bons amis et payant leurs dettes en temps, il ne nous resterait que de la merde.»

Miguel Esteves Cardoso
Traduit du portugais (à la louche)

 

Max von Sydow incarnant Knut Hamsun

    C'est vrai ça. Même que je m'interroge depuis des années pour savoir pourquoi, étant intrinsèquement de gauche (confit de canard) et athée (parfum bergamote), les écrivains qui m'ont laissé sur le cul, ont viré à l'extrême droite : Louis-Ferdinand Céline, (Mort à crédit) le voyageur de Sigmaringen (il dit pourtant dans je ne sais plus quel délire rabâcheur et  pamphlétaire qu'en dessous de la Loire, on est tous des bougnouls mais le bougnoul que je suis  lui pisse à la raie au bon aryien) , Knut Hamsun (La faim), qui a tourné comptenteur du régime nazi, ou sont de droite très catholique tel Dino Buzzati (Le désert des Tartares).



Dino Buzzati con il suo bulldog Napoleone
Collezione privata

Ouarf ! Ouarff !!

27 novembre 2010

Arbres de pleine lune

La lune est pleine et on ne sait pas qui l'a mise dans cet état.
Alphonse Allais


Arbres à la lune qui ont longtemps orné l'un de nos murs
 (signature impossible à déchiffrer)

Elle est si con la lune. Ça doit être son cul qu'elle nous montre toujours.
Molloy - 1951 - Samuel Beckett

La preuve que la lune est habitée, c'est qu'il y a de la lumière.
Francis Blanche  

(avec retard, dernière pleine lune, le 21)   

21 novembre 2010

Osez Joséphine


Black Thunder - Joséphine Baker par Paul Colin


Joséphine Baker - La Revue des Revues - 1927
Photo Waléry


Joséphine Baker par Alexander Calder

15 novembre 2010

Quand passent les grues


Grues de Brest


Titan grise (de Nantes ? la réponse est oui) - Luc Moreau



Grues de Boucau - Bayonne     

11 novembre 2010

Ah! Dieu que la guerre est jolie


Otto Dix - Assaut sous les gaz. 1924


Félix Vallotton - Les barbelés. 1916

Avec ses chants ses longs loisirs

Guillaume Apollinaire - Calligrammes (1918), l'Adieu du Cavalier

08 novembre 2010

L'Angélus

Versicule : Angelus Domini nuntiavit Mariæ
Répons : Et concepit de Spiritu Sancto.


Explication "Paranoïa-Critique" de l'Angélus de Millet.

La paranoïa ne se borne pas toujours à être de l'"illustration": elle constitue encore la véritable et unique "illustration littérale" connue, c'est-à-dire l'"illustration interprétative délirante" - l'"identité" se manifestant toujours à posteriori comme facteur conséquent de l'"association interprétative".
Aucune image ne me paraît capable d'illustrer plus "littéralement", d'une façon plus délirante, Lautréamont et Les Chants de Maldoror en particulier, que celle qui fut exécutée il y a soixante-dix ans environ par le peintre des tragi­ques atavismes cannibales, des ancestrales et terrifiantes rencontres de viandes douces, molles et de bonne qualité: je fais allusion à J.-F. Millet, ce peintre incommensurablement incompris. C'est précisément le mille fois fameux Angélus de Millet qui, selon moi, équivaudrait dans la peinture à la bien connue et sublime "rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie". Rien ne me paraît, en effet, pouvoir illustrer, aussi littéralement, d'une façon aussi atroce et hyperévidente, cette rencontre que l'image obsédante de l'Angélus. L'Angélus est à ma connaissance l'unique tableau au monde qui com­porte la présence immobile, la rencontre expectante de deux êtres dans un milieu solitaire, crépusculaire et mortel. Ce milieu solitaire, crépusculaire et mortel joue, dans le tableau, le rôle de la table de dissection dans le texte poétique car non seulement la vie s'éteint à l'horizon, mais encore, la fourche plonge dans cette réelle et substantielle viande qu'a été, de tous temps, pour l'homme la terre labourée; elle s'y enfonce, dis-je, avec cette intentionnalité gourmande de fécon­dité, propre aux incisions délectables du bistouri qui, comme chacun sait, ne fait que chercher secrètement, sous divers rétextes analytiques, dans la dissection de tout cadavre, la synthétique, féconde et nourrissante pomme de terre de la mort; d'où ce constant dualisme, ressenti à
travers toutes les époques, de terre labourée-nourriture, table à manger, terre labourée se nourrissant de ce fumier doux comme le miel qui n'est autre que celui des authentiques et ammoniacaux désirs nécrophiliques-dualisme qui nous conduit finalement à considérer la terre labourée, surtout si elle s'aggrave du crépuscule, comme la table de dissection la mieux servie, celle entre toutes qui nous offre le cadavre le plus garanti et appétissant condimenté de cette truffe fine et impondérable qui ne se trouve que dans les fèves nutritifs constitués par la viande des épaules ramollies des nourrices hitlériennes et ataviques, et de ce sel incorruptible et excitant, fait du grouil­lement frénétique et vorace des fourmis, que doit comporter toute authentique "putréfaction insépulte" qui se respecte et peut passer pour digne de ce nom. Si, comme nous le prétendons, la "terre labourée" est la plus littérale et la plus avantageuse de toutes les tables de dissection connues, le parapluie et la machine à coudre seraient transposés dans l'Angélus, en figure masculine et figure féminine, et tout le malaise, toute l'énigme de la rencontre proviendrait toujours selon ma très modeste opinion, indépendamment de l'énigme et du malaise que nous savons maintenant être déterminés par le lieu (terre labourée, table de dissection), des particularités authentiques contenues dans les deux personnages, dans deux objets, d'où dérive tout le développement argumental, toute la tragédie laten­te de la rencontre expectante et préliminaire.
Le parapluie - type d'objet surréaliste à fonctionnement symbolique - par suite de son flagrant et bien connu phénomène d'érection, ne serait autre que la figure masculine de l'Angélus qui, comme on me fera le plaisir de bien vouloir se le rappeler, dans le tableau cherche à dissimuler - sans parvenir à autre chose qu'à le mettre en évidence - son état d'érection par la position honteuse et compromettante de son propre chapeau. En face de lui, la machine à coudre, sym­bole féminin connu de tous, extrêmement caractérisera jusqu'à se réclamer de la vertu mortelle et cannibale de son aiguille de piquage, dont le travail s'identifie à cette perforation superfine de la mante religieuse "vidant" son mâle, c'est-à-dire vidant son parapluie, le transformant en cette victime marty­risée, flasque et dépressive que devient tout parapluie fermé après la magnificence de son fonctionnement amoureux, paroxistique et tendu de tout à l'heure.
Il est certain que, derrière ces deux figures tendues de l'Angélus, c'est-à-dire derrière la machine à coudre et la parapluie, les glaneuses ne peuvent que continuer à ramasser avec indifférence, conventionnellement, les oeufs sur le plat (sans plat), les encriers, les cuillers, et toute l'argenterie que ces dernières heures de crépuscule rendent à cette heure étincelante exhibitionniste et à pei­ne une côtelette crue, prise comme échantillon moyen des signes comestibles, a-t-elle été posée sur la tête du mâle, que déjà la silhouette de Napoléon, l'"affamé" se forme et se dessine subitement dans les nuages à l'horizon, que déjà on le voit s'approcher impatient à la tête de sa cavalcade pour venir chercher la côtelette en question, laquelle, en réalité, de vérité, n'est destinée à proprement parler qu'à l'aiguille, fine de toute finesse, terrifiante de toute terreur, belle de tou­te beauté, de la machine à coudre spectrale, clandestine et bien portante.
L'Angélus de Millet beau comme la rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie.

 Salvador Dali.


Salvador Dali - Réminiscence archéologique de l'Angélus de Millet.

06 novembre 2010

Lili Boniche


Lili Boniche
 Alger 1921 -  Paris 2008
Musique arabo-andalouse.



[une reprise de Bambino]

03 novembre 2010

Coco Lulu

Les deux An'
A Tiodor Solvay.

Deux ân' marchiont à deux. - Un qui s'app'lait Antoine
(Comm' Tône des pouchinel'),
Y portait dessus s' dos deux trois sacs de l'avoine.
L'auter c'était Neéle Snotebel...
Y portait pas d' l'avoine
Mo des sacs avec du l'or.
Il était d' ça si fier comme un tambour major.
Y faisait de s' n' esbrouf (1) on oûrait dit Jandemme
Qu'il était l' prop' cosin de Liapol lui-même.
Mo vla que tout d'un coup des voleurs y venont
Pour picker (2) tout l' bazar qui blinkait (3)... « Bonne affaire »
Y disont...
Mo Neéle y s' met en colère,
Leur flanqu' des bons coups d' pied.- Euss' y l' frappont si fort
Que l' pouvr' âne était presque mort !...
Y disait en pleurant : on laiss' Tône tranquille,
On lui fait rien, Jan Vermille !...
Moi je s'rai stropiné (4) cochons ! c'est pas permis.
C'est podouche pas ça qu'on me z'avait promis...
- « Neéle, y dit s' camérade,
« C'est pas toujours bon d'avoir un chic emploi.
« Et si t' oûrais porté rien que d' l'avoin' comm' moi
« Tu s'rais pas si malade! »

(1) De l'embarras, (2) Voler. (3) Brillait. (4) Estropié.


Les deux mulets

Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,
L'autre portant l'argent de la gabelle
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d'un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette:
Quand, l'ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l'argent,
Sur le mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein et l'arrête.
Le mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups; il gémit, il soupire.
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis?
Ce mulet qui me suit du danger se retire;
Et moi j'y tombe et je péris!
- Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi:
Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.

Jean de La Fontaine 
1621 Château-Thierry 1695 Paris