« Mon ravissement était devant les asperges, trempées d’outremer et de rose et dont l’épi, finement pignoché de mauve et d’azur, se dégrade insensiblement jusqu’au pied,-encore souillé pourtant du sol de leur plant,-par des irisations qui ne sont pas de la terre. Il me semblait que ces nuances célestes trahissaient les délicieuses créatures qui s’étaient amusées à se métamorphoser en légumes et qui, à travers le déguisement de leur chair comestible et ferme, laissaient apercevoir en ces couleurs naissantes d’aurore, en ces ébauches d’arc-en-ciel, en cette extinction de soirs bleus, cette essence précieuse que je reconnaissais encore quand, toute la nuit qui suivait un dîner où j’en avais mangé, elles jouaient, dans leurs farces poétiques et grossières comme une féerie de Shakespeare, à changer mon pot de chambre en un vase de parfum. »
A la recherche du temps perdu - Marcel Proust
Texte via Journal d'un épicurien
Asperge, Asparagus officinalis
1885, Gera, Germany
[ Tout ça pour dire que quand on pisse après avoir mangé des asperges, ça sent bizarre, même que la première fois que j'y ai fait attention, j'ai cru que j'avais chopé une saloperie.]
L'asperge des sables des Landes est là.
L'asperge des sables des Landes est là.