" Pour des millions de lecteurs à travers la planète, le nom de John Irving apposé sur la couverture d’un roman est une promesse. Celle d’un livre à l’ampleur certaine, où l’épopée et le burlesque font bon ménage, où il est souvent question de lutte gréco-romaine, de pères manquants, d’enfances difficiles, de droits des femmes et des minorités de genre, d’ours, de sexe et d’interrogations morales. C’est ainsi depuis qu’en 1978 Le Monde selon Garp (Seuil, comme tous ses livres traduits en France, 1980) a fait de son auteur une star mondiale de la littérature, statut confirmé par des romans d’une puissance narrative renversante... "
Le Monde, Séries d'été, 17 juillet 2024
Ah oui, Le monde selon Garp, paru en 1973, succès international. Non, je ne l'ai pas lu en son temps. Et si j'avais raté quelque chose de tout à fait transcendant ? Réparons me dis-je, lisons, lisons-le !

"J'ai beaucoup aimé la première moitié de ce livre, ou peut-être son premier tiers, en tout cas toute la partie consacrée à l'enfance et à l'adolescence de Garp. Ensuite, j'ai compris que le récit n'allait nulle part et que pour illustrer le pouvoir de l'imagination, on allait nous servir une histoire de plus en plus bancale, avec un vague effet baroque consistant à intégrer plusieurs récits dans le récit. Malheureusement, les extraits des œuvres de Garp ne sont pas meilleurs que le roman d'Irving, mais confirment seulement que celui-ci a une vision réductrice de la littérature comme un mélange de naïveté et de rebondissements inattendus enrobés d'une liberté créatrice qui n'a pas d'autre but qu'elle-même. J'ai souvent eu l'impression de lire le premier roman d'un auteur qui essayait de caser toutes ses idées avortées pour faire une oeuvre-somme, sans que tout ça ait une cohérence quelconque. Ça aurait pu rester une histoire sympathique si le ton faussement candide de la première partie (on pense par moments à L'Attrape-cœurs, (lui, oui ! The catcher in the rye, j'étais en transe linguistique à l’époque, un des rares bouquins que j'ai lus en anglais.) ne laissait pas la place à ces histoires d'adultère, d'accidents et de viols qui ressemblent à du mauvais soap-opéra et trahissent une panne d'inspiration dès qu'il s'agit de parler de la vie de couple et de famille.
Pour résumer, ça commence comme un joli conte vaguement rabelaisien, en forme de pied-de-nez à l'American way of life, pour finir comme un roman raté, qui cache mal son retour aux valeurs bourgeoises derrière l'invention paresseuse de personnages secondaires qu'on pourrait qualifier de "hauts en couleurs". En tout cas, c'est l'impression que j'ai eue, sous réserve que les 100 dernières pages ne changent pas toute la donne, parce que je n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout (ce qui m'arrive très rarement)."
H. Mattias le 30 juillet 2018 sur Babelio.
-- M. Mattias, j'ai peiné tel l'âne sous son bât lourd ,mais je suis allé jusqu'au bout, vous n'avez rien perdu du tout.
J'ai laissé parler H. Mattias, il m'évite des redites potentielles car je suis en accord avec tout ce qu'il dit.
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