02 août 2014

La jubilation des perspectives

Le roman de l'été



Samantha et Jonathan ont acheté à crédit, sur 24 mois, un écran téléviseur LCD, à rétroéclairage à LED, de 46 pouces. A l'image de leur enthousiasmant amour tout neuf, la première mensualité sera payée rubis sur l'ongle. Mais des retards vont vite survenir, puis des demandes de délais supplémentaires et encore des rejets de prélèvement par la banque...; alors, tandis que lettres de relance commencent à s'entasser dans la boite à lettres, nous assistons en parallèle à la lente dégradation de leur amour.

L'écran, dans les 16 m2 qu'ils occupent, ne prend-il pas trop de place ? L'amour sera-t-il le plus fort ? durera-t-il autant que le remboursement ?; oui pour la première question, non pour les deux dernières car sans vouloir dévoiler la fin de l'intrigue, la saisie du téléviseur par un organisme de recouvrement et simultanément, la séparation  de Samantha et Jonathan constitueront le point d'orgue de cet opus des temps modernes.

L'on pourrait reprocher à l'auteure - qui a pris récemment sa retraite de la grande distribution - un style néo ou post commercial (l'on notera un sur-emploi des petites lignes par exemple) - mais sur le fond nous sommes là aux  portes du théâtre classique, unité de temps, de lieu et d'action... Sigisbée Magnanime, par une écriture  parfaitement maîtrisée, nous fait oublier qu'après les vacances, vient très rapidement le temps du travail. Elle nous immerge - sans espoir de pouvoir venir respirer à la surface - dans l’atmosphère intime et étouffante du huis clos du petit studio, simplement troublée par le facteur apportant les recommandés.

Dernier avertissement sans frais : A lire de toute urgence. 
Manuel Darti pour Télémara

[ Une autre auteure pour l'été, de talent mais un peu oubliée :
Riquette Hamamélis ]

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