26 décembre 2007

Si vis pacem, para bellum

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Réussirons-nous à remonter la pente? Profiterons-nous de l'embellie? Pendant longtemps, la France fut le troisième exportateur mondial d'armes. C'était l'âge d'or. Nous étions juste derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Mais en 2005 la Russie nous a doublés. La honte! Or voilà qu'au niveau mondial les affaires reprennent. De 55 milliards d'euros par an pendant dix ans, le marché a brusquement grimpé à 65 milliards l'an dernier: partout, on réarme, on modernise le matos, on s'équipe en gadgets dernier cri, les nouveaux bons clients affluent, voyez Kadhafi. Réussirons-nous à profiter de cette manne ?


L'an dernier, nous avons exporté pour 5,74 milliards d'euros. Nous devons faire mieux. Nous avons tous les atouts en main. Les hommes. Pas moins de 166000 rudes travailleurs qui se consacrent uniquement à la fabrication d'engins de mort, dont 44000 pour l'exportation. Et la technologie: nos Rafales d'exception, nos missiles aux doux noms (Crotale, Mistral, Roland, Exocet, Hot, Milan), nos hélicos Tigre et NH-90. Sans compter toutes nos trouvailles nanotechnologiques, nos drones miniatures, nos programmes Félin qui visent à faire du soldat de demain un homme-machine bardé d'informatique et d'écrans, le tout concocté par nos génies nationaux. Dassault, EADS, GIAT Industries, Thales, Sagem....
Oui, tous- ensemble-ouais, soutenons l'effort guerrier national! La formidable course aux armements dans laquelle s'est lancée la planète a besoin de nous, car nous sommes la nation phare des droits de l'homme, et à ce titre avons une grande mission à remplir.
Si tu veux la paix, prépare la guerre, dit la maxime. En multipliant ses contrats d'exportation d'armes, la France se montre pacifique comme jamais.


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Jean-Luc Porquet Le Canard enchaîné 12/12/ 07