03 novembre 2012

L'Art en des routes

Si c'est rond, c'est point carré


Les trois mouettes 

(au début, j'ai pensé qu'elles étaient en béton armé; après proche examen, il m’est apparu qu'elles sont en bois lamellé collé. )

Alliance de la terre et  de l'air, de l'eau et du feu; de l'attraction à la capitulation, de l'engagement au tourment et à la volupté.

(A l'arrière plan, mon ex- Twingo II que j'ai passée à Lulu, ma fille préférée)

Chaque création giratoire est à considérer comme l’activation inédite d’un certain nombre d’éléments dont le sommaire ne se livre au spectateur qu’au terme d’une approche attentive et curieuse. 
Chaque création giratoire peut s’envisager comme une occurrence possible de l'Art, fût-ce sous des jours à tout le moins paradoxaux.
Chaque création giratoire s’appréhende comme une expérience singulière à la fois globale et fractionnable, toujours ouverte.
Chaque création giratoire, radicalement différente de celle qui précède et de celle qui suit, peut être comprise comme inaugurale, rétrospective tout autant.


Les trois mouettes en hiver (vue rapprochée)

    L’art n’a jamais prétendu à autre chose qu’à sa propre existence. Et de cette existence, il ne lui fut jamais rien exigé hormis l’exemplarité. L’art, donc, se doit d’être exemplaire. C’est à cela, et à cela seul, que s’attache l’artiste. C’est là son unique ambition. Concernant la teneur de son exemplarité, la question n’est plus celle du “ comment continuer à créer aujourd’hui ? “ mais bien celle des moyens convoqués et revendiqués pour y parvenir. Nourri de formalisme et de constructivisme revivifiés par le minimalisme dans ce qu’il a de plus radical, le créateur aux mouettes n’ignore pas qu’il apparaît sur la scène de l’art au crépuscule du cynisme postmoderne. Comment, dès lors, produire une peinture sans tableau et, comble du défi, un art formaliste qui ne renonce ni à l’illusion de la figure ni aux ambiguïtés baroquisantes, toutes marques du temps au sein duquel il œuvre ? 
    Ce que nous avons tenté de cerner au fil de ces lignes, c’est la singulière ambition de ce projet. 
    À qui s’arrête au seuil de la visite, de l’ex - position, de celle-ci, des autres, il sera cependant difficile de faire admettre que l’on se trouve là en présence de création abstraite, a fortiori formaliste. Pour dire au plus juste, s’il est possible, il s’agit plutôt ici de la subtile reformulation d’un certain nombre d’attendus stylistiques qui rendrait possible une vision plus large, une sorte de proposition ouverte capable d’accueillir ce qu’une histoire de l’art un peu rigide et compartimenteuse a trop souvent eu tendance à opposer. Ainsi le spectateur se voit-il confronté tout à la fois au minimalisme latent et au récit, à la figure certes mais associée à une forme bien assumée de la préciosité. A l’opposé du raffinement décoratif, la préciosité est ici à considérer telle qu’on l’entendait dans le premier tiers du XVIIe siècle, avant qu’elle ne devienne ridicule, quand elle revendiquait la précision du langage et l’élégance des mœurs : précieux parce que précis, précis jusqu’à la cruauté, parfois jusqu’à l’effroi. (n'est-on pas en train de s'égarer ? pouvons-nous   revenir à nos mouettes ?)... 
    On se gardera tout autant de voir là une forme, fût-elle réactualisée, du cabinet d’amateur. Ni curiosità ni visée naturaliste ou encyclopédique, la présente création dérive d’une nomenclature autrement virtuelle. L’exemplarité tient ici au fait que l'auteur, en se méfiant du style et des identifications rapides qu’il induit, élabore, non des objets figés (les mouettes, rappelons-nous) mais des indices d’expériences et de tensions ; et si le formalisme y occupe une si grande place, c’est parce que l’artiste y voit une protection contre les approximations complaisantes auxquelles cèdent tant de travaux, leurs auteurs abusés par les fausses libertés que l’époque permet.
    Bien mieux qu’un astucieux prétexte, le recours au lamellé collé fonctionne alors comme une redoutable machine à produire des images et des objets, cela par le glissement du registre du langage à celui de l’expérimentation très vive de l’espace et du temps. Plus que sur un spectacle supplémentaire, c’est sur un véritable outil de vision que s’ouvre le Giratoire de Saint-Michel-Escalus, sur une manière nouvelle de voir et de concevoir le monde, bref sur la possibilité d’une œuvre pour aujourd’hui.


Le résinier
[Bouf ! que dire encore ? je ne voudrais pas me répéter.]

4 commentaires:

  1. Faut bien s'occuper à la veillée quand les jours raccourcissent.

    RépondreSupprimer
  2. Rien que pour vous.
    http://www.deezer.com/track/1571569

    RépondreSupprimer
  3. La mouette, celle de Tchekhov, relate l'histoire d'amour d'une Nina! Est-ce la mère de Lulu?
    Pour être plus sérieux, je tiens à préciser que ce rond-point se trouve sur la commune de Castets des Landes, même si les limites de Linxe et St Michel- Escalus sont proches.
    Rien n'est vraiment carré, y a pas plus circulaire que le square Wilson à Toulouse...con!

    RépondreSupprimer
  4. @Berthoise
    Ah, le chien, il m'a copié!

    @Trufandé
    En un, pile.
    En deux, il faut faire fi des contingences cadastrales et avoir le sens du partage car le village de Castets est déjà pourvu à sa sortie sur Dax d'un superbe giratoire à tubulures.
    En trois, il semble bien effectivement qu'avec le Square Wilson les toulousains aient résolu le problème de la quadrature du cercle.

    RépondreSupprimer