24 avril 2010

Le salaire de la peur

En 1950, l’écrivain Georges Arnaud a publié le plus célèbre de ses romans, Le salaire de la peur, vendu à deux millions d’exemplaire et porté à l’écran en 1953 par Henri-Georges Clouzot dans un film culte (troudu, que j'aime pas ce mot) interprété par Yves Montand et Charles Vanel, Palme d’or à Cannes la même année.


Yves Montand -  Charles Vanel
 Le salaire de la peur - Henri-Georges Clouzot


Peter van Eyck - Dario Moreno   
Le salaire de la peur  - Henri-Georges Clouzot


Charles Vanel - Yves Montand
Le salaire de la peur - Henri-Georges Clouzot

Georges Arnaud de son vrai nom, Henri Girard, reste mêlé à l’une des affaires criminelles et judiciaires les plus célèbres et mystérieuses du XX°siècle.

Il a 24 ans lorsqu’au cours de la nuit du 24 au 25 octobre 1941, son père, sa tante et leur bonne furent tués à coup de serpe dans leur propriété, le château d’Escoire en Périgord. Pas d’effraction visible. Pas de témoin du drame. Pas de mobile apparent. Mais du sang partout Henri Girard était présent cette nuit là, à Escoire. Encore vivant le matin venu, il avait donné l’alerte... Tout l’accuse alors. Les présomptions sont accablantes. Mais Henri Girard ne passe pas aux aveux. Le fils jugé "instable et fantasque" a la rumeur publique contre lui. En dehors des aveux du présumé coupable, toutes les charges susceptibles d’emporter la conviction des jurés sont réunis à l’ouverture de son procès le 27 mai 1943 après 19 mois d’incarcération. Des charges mais aucune preuve. Malgré cela l’acte d’accusation le promettait à l’échafaud.

Le procès qui s’en suivit fut marqué par les interventions magistrales d’un éminent avocat*, celui d’Henri Girard, Maître Maurice Garçon, ancien ami de son défunt père... Le 3 juin 1943, comme par magie, il descend, triomphateur, les marches du palais de justice : son avocat à arraché l’acquittement. Après 10 minutes seulement de délibérés, fait rarissime dans les annales judiciaires lors de pareilles affaires, les jurés l’ont déclaré innocent, et l’accusé est acclamé par la foule*.

Depuis, la diabolique affaire d’Escoire n’est pas éclaircie pour autant. L’énigme reste entière. Qui alors, a commis ces crimes épouvantables ?

Dossier sur France-Culture Le vif du sujet

*la foule : Dès qu'on est plus de quatre, on est une bande de cons. Georges Brassens
**éminent avocat : fermer les écoutilles à l'approche d'un éminent avocat : tchatche et effets de manche, joueur de bonneteau, menant badauds et jurés par le bout du nez.


[Qu'Henri ait tué tatie, papa et la bonne, je n'ai rien à y redire, il faut bien que jeunesse se passe. Ce qui me décoiffe, par contre, c'est que l'avocat dans sa plaidoirie a accusé une famille de domestiques du château, premiers témoins de l'affaire, pour dédouaner Henri Girard et le faire acquitter.]

Lisons Le triple crime du château d’Escoire, Ed : La Lauze de Guy Penaud, ancien commissaire de Police, pour se faire une idée. Extraits :

Dans un rapport adressé au Préfet de Dordogne le 30 juin 1945, la Gendarmerie continuait d'affirmer : L'affaire Girard, qui a eu son dénouement devant les assises de la Dordogne, a soulevé une vive émotion. L'acquitté n'en reste pas moins considéré comme le véritable criminel.

Conversation en Algérie au début des années 1970  entre Gérard de Villiers (S.A.S. Malko Linge) et Georges Arnaud :

- "Écoutes. C'est fini maintenant. Tu peux me le dire. Tu les as tués ou tu ne les as pas tués ?
- Oui, je les ai tués !
- Pourquoi la bonne ?
- J'étais énervé... 


Yves Montand - Charles Vanel

6 commentaires:

  1. P'tite réaction, non pas sur l'affaire Arnaud/Girard (très surprenante), mais sur l'expression "culte" et votre remarque cinglante "troudu, que j'aime pas ce mot", qui m'a fait pouffer...
    Sans connaître les véritables raisons de votre "aversion" (!?) pour ce mot, je souhaite apporter cette remarque : il est vrai que parler d'un film (ou de toute autre chose) en ce terme est aujourd'hui galvaudé... Cela ne signifie pas à mon sens que cette chose fait l'objet d'un CULTE ou d'une DEVOTION, au sens "religieux" du terme (même si parfois l'on s'en rapproche : je pense à la fascination qu'exerce sur certains le film "The Rocky Horror Picture Show", depuis maintenant 35 ans), mais plutôt qu'elle s'inscrit dans l'inconscient collectif, ou constitue une référence pour un grand nombre de personnes... On parle là de références culturelles, de "classiques", de valeurs communes... Alors, pourquoi pas le terme "culte", qui dans cette acception se rapproche plus de "culture" que de "dévotion"...
    Amicalement vôtre... (série culte !?)

    RépondreSupprimer
  2. Belle analyse, mon cher Lambda.

    A mon sens, le mot "classique" n'est pas assez usé pour que l'on ne s'en serve plus et je n'aime pas gaspiller.

    Le cultureux, avec son classique, il comprend qu'il a affaire à de la belle ouvrage, à du massif ; il a beau supputer, palper, analyser, il n'en revient pas que ça lui parle autant, et s'il n'est pas touché jusqu'au fondement, si ce n'est pas tout à fait sa tasse de thé, il sait qu'il y a là effectivement des références, des valeurs communes et durables qui le concernent.

    Le cultueux lui est bouche bée, il a entendu dire, on lui a dit, il se fait emporter par la foule qui le traîne, qui l'entraîne, on a réfléchi pour lui. Il peut changer de culte comme de chemise, suivre un jour, un beau blond, le lendemain un vilain moustachu et le surlendemain, celui qui compte raser gratis.
    Enfin, je livre à votre réflexion cet extrait du magazine de ce mois-ci des adhérents d'un vendeur de culture :
    « Ultra-complet, ce guide arrive à point pour éclairer néophytes et spécialistes, entre révision des grands classiques et découverte des CD cultes oubliés. »

    A bientôt pour de nouvelles aventures.
    Numéro 6

    RépondreSupprimer
  3. Berthoise, par ici, on dit: s'as paur, peta un còp; si t'as peur, pète un coup !

    RépondreSupprimer
  4. Numéro 6 ne dit plus "Bonjour chez vous" depuis le 19 janvier 2009...

    Hommage cult...urel :
    http://www.youtube.com/watch?v=29JewlGsYxs

    RépondreSupprimer
  5. C'est pour ça que j'ai pris la relève.
    I am not a free man, i am a number !

    RépondreSupprimer