13 janvier 2009

La mort en ce jardin


Mort d'un jardinier Lucien Suel La Table Ronde

Ce "roman", Mort d'un jardinier, quand je l'ai goûté, je suis parti pour le lamper d'un trait et puis je me suis ravisé pour m'en garder un peu tous les soirs, ce qui n'a pas arrangé mon sommeil, car refaire le voyage au bout de la vie de Lucien Suel et parallèlement refaire le sien propre, invoquer les mânes de Kit Carson, feuilleter l'album des poètes de sept ans, parcourir la carte du Tendre, craindre d'être un jour un assis, genoux aux dents, vert pianiste, repenser à ces livres que l'on a lus et qui vous serrent le coeur, respirer le parfum des tilleuls en fleurs et surveiller les petits pois qui vont sortir, ramasser les feuilles mortes à la pelle, tremper la madeleine dans le café au lait, écouter trois petites notes de musique qui vous font la nique du fond des souvenirs, entendre les voix chères qui se sont tues et la cloche du vieux manoir qui sonne le retour du soir, se rouler dans l'herbe mouillée, se baigner dans une eau fraîche, caresser la mousse et le galet, vous apercevoir que votre fille a vingt ans, rire et pleurer en dormant, tourner les yeux vers les étoiles puis contempler le trou qui vous accueillera ou le feu qui vous consumera, ne se fait pas sans dommages collatéraux.

Cela posé, Mort d'un jardinier, à travers une écriture à sensations, est un beau livre de vie et de mort, d'amour et d'amitié, foisonnant, fourmillant, léger et profond, touchant et chaleureux, d'un frère humain.


Ferdinand Cheval, un autre jardinier

3 commentaires:

  1. Merci pour cette lecture et votre commentaire. Dommages collatéraux, il y eut aussi chez mes très proches à la lecture du manuscrit... Mais c'est un roman ! N'est-ce pas ?

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  2. Ce sont les oignons et les poireaux,
    les salades et les tomates,
    qui ont entrenu longtemps
    un dialogue avec le jardinier,
    même si celui-ci
    se fait en silence.

    Cela se mesure avec l'humus,
    la sueur et l'effort,
    l'origine du monde retrouvée,
    la pluie bienfaitrice,
    et la dorure du soleil .

    Je me rappelle du chat tigré
    se roulant de plaisir
    dans la terre retournée :
    il y avait peut être le son ténu,
    que captaient ses oreilles fines ,
    la lente alchimie des profondeurs,
    le réveil des insectes,
    et la vibration imperceptible de l'air...

    Il faut attendre
    sans impatience ,
    que s'étirent les racines,
    profitant des circonstances,
    que se développent les feuilles ,

    millimètre par millimètre
    que les fleurs s'épanouissent,
    lentement
    que les fruits rosissent,
    imperceptiblement

    ainsi la vie suivant son cours
    dans le sablier du temps,
    qui peut s'inverser,
    comme le chant se relâche,
    parfois brusquement.

    C'est ainsi qu'au détour d'une saison,
    on retrouva incrusté dans le sol,
    le corps du jardinier,
    les plantations reconnaissantes,
    lui donnant un dernier ombrage.

    -
    RC - juin 2018 ( en attente de parution sur le site ecritscrisdotcom.wordpress.com )

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