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10 juin 2019

Voisenon ou de l'éducation

« J’ai été jeune : mon père, qui était plus rigide qu’éclairé, me donna une éducation dure et me dégoûta de la raison, en me l’offrant avec trop de sévérité ; il intimida mon esprit au lieu de l’éclairer, et dessécha mon cœur à force de réprimandes, au lieu de le nourrir et de le former par la douceur.
« Les premières leçons qu’on donne aux enfants doivent toujours porter le caractère du sentiment ; l’intelligence du cœur est plus prématurée que celle de l’esprit ; on aime avant que de raisonner, c’est la confiance qu’on inspire qui fait le fruit des instructions qu’on donne.

Géographie Cours élémentaire -Editions Magnard- 1947
Illustrations  René Bresson

« Mon père n’en usa pas ainsi. Le titre de père me donna plutôt une idée de crainte que de tendresse, la contrainte où j’étais me fit prendre un air gauche qui ne me réussit pas ; quand je débutai dans le monde, mes raisonnements étaient assez justes, mais dépouillés de grâces, et bien souvent la bonne compagnie ne juge de la solitude de l’esprit que par son agrément.
Histoire de la Félicité - 1751

Claude Henri de Fusée de Voisenon
Peintre inconnu - Château de Versailles

Claude-Henri de Fusée (les québécois lui mettent un z, soit Fuzée, ce qui est joli) de Voisenon (1708-1775) a écrit des chansons grivoises, madrigaux, féeries et comédies. Ordonné prêtre, il acquit pourtant une réputation de légèreté ; il appréciait les mondanités et le confort. Voisenon publia en 1746  Le Sultan Misapouf et la princesse Grisemine ou les Métamorphoses, que j'ai lu en sus d'Histoire de la Félicité : une grivoiserie au quatorzième degré qui ne risque d'échauffer les sangs à personne mais pour les quelques lignes sur l'éducation ci-dessus, je lui donne mon affection à Voisenon.

Grand pote à Voltaire, ce dernier lui concocta à sa mort l'épitaphe suivante:

Ici gît, ou plutôt frétille,
Voisenon, frère de Chaulieu.
À sa muse vive et gentille
Je ne prétends point dire adieu,
Car je m'en vais au même lieu,
Comme cadet de la famille.

01 avril 2012

Alcofribas Nasier et Cie


Alcofribas Nasier - Seraphin Calobarsy


Pauvre Lélian par Frédéric Bazille


Bison ravi - Brisavion -  Baron Visi


Étron de Bran par Man Ray


Avida Dollars


Voltaire par Jean Huber

12 juin 2010

Adam, ubi es ?

Adam, où es-tu ?


Voltaire jouant aux échecs avec le père Adam (1775)
Huber Jean (1721-1786)

  Rien de tel pour mettre en condition et déstabiliser l'adversaire qu'un aimable petit bitos à quoi l'on peut rajouter coups d'oeil par en-dessous, raclements de gorge répétés, contorsions sur sa chaise avec risques de chute, bourdon lointain d'une petite chanson fredonnée, tripotages intempestifs des pièces, (j'adoube) et si l'on peut, quelques tics ou tocs bien placés, mais Voltaire avait beau faire, rien ne marchait pour lui :

  Voltaire le 12 février 1764: "Je les aime, je me passionne et le père Adam qui est une bête m'y gagne sans cesse, sans pitié ! tout a des bornes ! pourquoi suis-je aux échecs et pour lui le dernier des hommes ? tout a des bornes..."
 
   Quand la partie s'annonçait mal pour lui, Voltaire se mettait à chanter une sorte de "tourloutoutou" que le père Adam écoutait comme un affreux présage. Plus d'une fois on vit le père s'enfuir en courant, bombardé par les pièces du jeu qui s'accrochaient dans sa perruque. Parfois, poursuivi par la canne, il se cache dans un placard. L'orage s'apaisait vite. Voltaire demandait: "Adam, ubi es ?" Adam réapparaissait, on lui avait pardonné son involontaire victoire. 
Extrait : Source :  Mjae