19 janvier 2019

Quintonine

Le nouveau roman de Michel Houellebecq

Florent-Claude-Michel et A D

     Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la vie d'un écrivain adulé n'est pas toujours rose :
sortir en catastrophe sous la pluie acheter quelques rames de papier 80 grammes à la papeterie Antalis, (écrire, toujours écrire), partir en urgence au Franprix du boulevard Saint-Marcel, avant la fermeture, pour se procurer deux trois bouteilles de rhum Negrita, le seul breuvage à même de soulager en quelques minutes les tensions internes, sonner la nuit à la pharmacie de garde et tenter d'obtenir de roboratifs médocs à posologie explosive, descendre se les geler pour en griller une lors de soirées mondaines, tout en subissant les interminables monologues de copines vieillissantes...  bref, Florent-Claude Labrouste (on distingue sans peine en filigrane, l'auteur lui-même) est au bout du rouleau.
     Dans un dernier sursaut d'énergie, il décide  d'une retraite qu'il voudrait expiatoire, au couvent de la Rose-Croix, près de Châteauroux. Là,  un frère convers, le voyant dans la détresse  et le prenant en compassion, lui révèle un secret, trop lourd à porter pour lui car il a commis le péché de curiosité : il a trouvé dans la bibliothèque du couvent un parchemin illuminé du début du xx° siècle, de 1910 exactement, donnant la recette d'un fabuleux élixir de longue vie établie par un apothicaire castelroussin versé dans l'alchimie : la Quintonine et il a réussi, à ses heures creuses, entre laudes et vêpres, à reconstituer la magique potion . Il va en faire bénéficier Michel-Florent-Claude.


    Florent-Michel-Claude suit le traitement sans conviction mais il s'y plie car il flatte son péché mignon : il faut et il suffit, comme dans la mathématique, que l'on verse une fiole de la décoction : quinquina, orange amère, kola, cannelle, quassia, gentiane..., associés à du glycérophosphate de chaux, dans un bon litre de vin rouge et que l'on prenne un verre à madère de la liqueur ainsi obtenue avant chaque repas, en guise d'apéritif.

Michel-Florent-Claude et Lysis             © P Matsas/Opale

    Au diable, idées noires, laisser-aller, découragement, perte de mémoire ..., la cure fait merveille, Florent-Claude-Michel retrouve toutes ses sensations. Requinqué, Il se produit à nouveau dans le monde, rencontre la douce Lysis, qui fort opportunément, écrit une thèse sur son oeuvre, et n'a aucun mal, sur sa bonne mine, à la prendre dans ses rets.
     Il la demande en mariage.
    Coup de peigne chez Franck Provost, redingote queue de pie, lavallière, gilet croisé, petit melon qui va bien, retrouvant son âme d'enfant, le voici au jour des épousailles qui s'extasie d'un brin d'herbe tandis que sa moitié à qui visiblement il a fait partager  sa découverte éclate d'un bon rire.
    Mais nous sommes déjà parvenus aux trois-quarts de l'ouvrage et ce n'est pas déflorer le roman (travers constant des critiques littéraires) que de révéler qu'ils vécurent très heureux et qu'ils eurent beaucoup d'enfants.

Quintonine, un roman fortifiant !

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       26 février 2019, lu cette fois pour de bon, Sérotonine : notre héros, FC-L a 46 ans (je lui en donnerai plutôt 60 ou 70, en effet, il carbure au Grand-Marnier et au Guignolet-Kirsch, c'est pas trop de son âge). Dépressif, il prend un médoc percutant, anti- comme je viens de le dire. Il largue sa compagne en cours, démissionne de son boulot dans la foulée, passe en revue ses ex, (souvenirs émus de chagattes humides et de pompe-la-moi, tu m'en diras des nouvelles; buffet à volonté). Là-dessus, Il tente en vain de recontacter son ex préférée puis va revoir un copain de promo, agriculteur au bord de la faillite. Voilà, on a fait le tour (en 4*4 Merco).
   
      Qui n'en veut ? très beau, pas cher : 22€