08 mai 2013

Chemin de croix en 50 stations

Chemin de croix en 50 stations : de Compiègne à Gusen II en passant par Buchenwald, Mauthausen, Gusen I, Arthème Fayard, Paris, 1946, 113 p., réédité en 1988 (en Autriche)


"Jean Bernard Aldebert, né à Saint-Etienne (France) en 1909, est un affichiste et un dessinateur professionnel, puisque cet ancien élève des Beaux Arts est, en France, avant- guerre, un des caricaturistes attitrés du magazine Ric et Rac et qu’il a même été, en 1939, le fondateur du magazine La Dent de Lyon à Lyon. Son activité de dessinateur engagé va lui coûter la liberté, avec son arrestation le 15 novembre 1943 à Balmont (Haute-Savoie) par la Gestapo (suite à une caricature d’Hitler dans Ric et Rac, représentant le Führer en chimpanzé…). A l’emprisonnement à Lyon (Montluc) succède la détention à Compiègne, avant la déportation, d’abord pour un mois dans le camp de quarantaine de Buchenwald, puis dans le camp de Mauthausen, où il arrive la 16 janvier 1944, et devient le matricule 53 628. Aldebert connaît ensuite, pour une courte durée, le camp annexe de Gusen I, avant d’être transféré en avril 1944 à Gusen II, "ce camp qui passe pour être le plus terrible des kommandos sous la tutelle de Mauthausen" . Rapatrié en France le 22 août 1945, il réalise 50 dessins sur son expérience concentrationnaire à partir d’esquisses exécutées juste après sa libération dans le camp de Mauthausen. Les 50 dessins, accompagnés de commentaires de l’auteur, sont publiés en 1946 chez Fayard sous le titre Chemin de croix en 50 stations, et connaîtront une réédition bilingue en 1988, chez un éditeur autrichien, Bibliothek der Provinz. Le dessinateur, décédé en 1974, travaillera principalement pour les magazines Ici Paris, France Dimanche et Jours de France et publiera des albums de bandes dessinées humoristiques ainsi que des dessins publicitaires."

Extrait : Claude Winkler-Bessone sur le site campmauthausen.org


7. Mauthausen: la quarantena. Dormire come sardine
I blocchi della quarantena, chiusi da un muro con filo di ferro spinato ed elettrificato, dove si dorme testa-piedi, stesi sul fianco destro, schiacciati ogni sera dai piedi dei torturatori.

7. Mauthausen: la quarantaine. Dormir comme des sardines
Les blocs de la quarantaine, fermés par un mur surmonté de barbelés électrifiés, où l'on dort tête-bêche, couchés sur le côté droit, écrasés tous les soirs sous les pieds des tortionnaires.


14. Gusen II: Thomas lo spagnolo
Il terrore numero due del blocco è Yanouch, il Blockfriseur, il capo dei parrucchieri, un polacco. Il suo amico è Maryan. Il terrore numero tre è uno spagnolo di nome Thomas. Ha ucciso centinaia di suoi compatrioti con la doccia fredda, ma di solito fa tutto con i piedi.

14. Gusen II: Thomas l'espagnol
La terreur numéro deux du bloc est Yanouch, le Blockfriseur, le chef des coiffeurs, un Polonais. Son ami est Maryan. La terreur numéro trois est un espagnol nommé Thomas. Il a tué des centaines de ses compatriotes à la douche froide, mais il fait généralement tout avec ses pieds.


22. Gusen II: l'esecuzione dei ritardatari
All'adunata fuori talora si resta per delle ore, ad attendere il gruppo che entra. I ritardatari, crollati per la fatica, sono schiacciati sotto i colpi delle botte o divorati dai cani.

22. Gusen II: l'exécution des traînards
On attend le groupe qui rentre après le rassemblement à l'extérieur qui dure parfois des heures. Les retardataires, effondrés d'épuisement, sont piétinés sous les bottes ou dévorés par les chiens.


41. Gusen II: l'impiccagione
Sarà presto Natale e la guerra continua. Qui c'è un uomo che è appeso per le mani ripiegate dietro la schiena; le braccia si disgiungono, le ossa scricchiolano, l'infelice ha così male che non trova la forza di gridare.

41. Gusen II: la pendaison
Ce sera bientôt Noël et la guerre continue. Voici un homme qui est pendu par les mains croisées derrière son dos; ses bras sont disjoints, les os craquent, le malheureux a si mal qu'il ne trouve pas la force de crier.


42. Gusen II: Natale all'inferno
La sera di Natale è arrivata, si cucina forte nei blocchi, nell'angolo dei tiranni; nulla mancherà alla loro tavola, nemmeno l'alcol. La musica copre per un momento il rantolo dei morenti che sale dal fondo del blocco.

42. Gusen II: Noël en enfer
La veille de Noël est arrivé, on cuisine fort dans les blocs, dans le coin des tyrans; rien ne manque à leur table, pas même l'alcool. La musique couvre un instant le râle des mourants  qui monte du fond du bloc.


45. Gusen II: assassinio in musica
Il Rapportführer (vice comandante), un gran teppista dagli occhi porcini, canta e si fa accompagnare dalla chitarra. Al sorgere del giorno strangola con le sue mani un detenuto.

45. Gusen II: assassinat en musique
Le Rapportführer (commandant adjoint), un grand malfrat aux  yeux porcins, chante et se fait accompagner à la guitare. Au lever du jour il étrangle de ses mains un prisonnier.


50. Gusen II: la liberazione
Il 5 maggio 1945 gli americani fanno il loro ingresso a Mauthausen. Lo stesso giorno, a Gusen, la liberazione dà luogo a una spaventosa uccisione. La maggior parte dei tiranni è massacrata dai detenuti scatenati.

50. Gusen II: la libération
Le 5 mai 1945, les Américains font leur entrée à Mauthausen. Le même jour, à Gusen, la libération donne lieu à un épouvantable carnage. La plupart des tyrans sont massacrés par les prisonniers déchaînés.

[Une pensée pour les KAmeradenPOlizei = les kapos, les tortionnaires, les bourreaux, les maîtres des hautes et basse œuvres, les tueurs, les hommes de main, les seconds couteaux, les exécuteurs de basse besogne,  les exécutants,  les mange-merde, les serviles ... (et ce ne sont pas des races disparues), on ne leur rend pas assez souvent hommage.]

Les 50 stations, l'impensable horreur au complet sur le site italien : Libero.it
De nombreux articles illustrés de dessins de Bernard Aldebert et aussi de Chaval et de Bosc sur le Blog de Pierlouim, l'un des seuls, sur la toile à avoir évoqué ce livre terrible.

Libération

2 commentaires:

  1. on croit tout savoir, sur l'horreur des camps, et puis on voit qu'il y avait pire encore que tout ce qu'on savait...

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