19 avril 2008

Sérignan-du-Comtat


Jean-Henri Fabre observant

[Shakespeare! Lamartine! qu'est ce qui sort de la chemineye? de la fiumeye]

Charles-Ferdinand Ramuz écrit: «C'est en tout cas de la science pour honnête homme et de la science d'honnête homme, en ce sens que sans jamais quitter le monde qui nous est familier, il ne nous en fait pas moins pénétrer dans ses dessous et dans ses coulisses, ce qui est un commencement d'explication; en ce sens encore que, quant au savant, il ne cesse jamais d'être un homme, d'être l'un de nous. Il n'est pas encore entré dans la nature assez profondément pour avoir été obligé de la dépouiller peu à peu de toutes ses qualités autres que numériques ou mathématiques; il n'aboutit pas à un système et le monde qu'il considère reste le monde que nous connaissons».




L'ami Jean-Henri Fabre, né en 1823 à Saint-Léons du Lévézou, (Aveyron), mort à Sérignan-du-Comtat, (Vaucluse) en 1915, homme de science, humaniste, libre-penseur, naturaliste, entomologiste, écrivain, poète en Oc (Lou Felibre di Tavan) et en Oïl, peintre aquarelliste, longtemps bien vert, (il épousera en 1885, en secondes noces Marie-Josèphe Daudel, de 41 ans sa cadette.)


◄ Photographie par Félix Nadar


L'Harmas

"C'est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères. Là, sans crainte d'être troublé par les passants, je pourrais interroger l'Ammophile et le Sphex, me livrer à ce difficultueux colloque dont la demande et la réponse ont pour langage l'expérimentation ; là, sans expéditions lointaines qui dévorent le temps, sans courses pénibles qui énervent l'attention, je pourrais combiner mes plans d'attaque, dresser mes embûches et en suivre les effets chaque jour, à toute heure. Hoc erat in votis : oui, c'était là mon voeu, mon rêve, toujours caressé, toujours fuyant dans la nébulosité de l'avenir. "